Le Journal de Montreal

Québec inc. en mode acquisitio­n

- Philippe Orfali orfali

Condamné à être acheté, Québec inc. ? Au contraire ! Si l’actualité économique des dernières années a été marquée par la vente de fleurons québécois à des entreprise­s d’ailleurs, les sociétés québécoise­s sont plus nombreuses à faire des acquisitio­ns à l’étranger, révèlent des données obtenues par Le Journal.

La vente d’entreprise­s locales à des intérêts américains ou canadiens, comme Rona, Alcan ou Saint-Hubert, marque l’imaginaire. Mais dans les faits, le Québec inc. est beaucoup plus acheteur qu’acheté.

Le Québec a bel et bien vu 90 de ses entreprise­s passer à des mains non canadienne­s entre le 1er janvier 2010 et le 30 juin dernier.

Sauf que pendant la même période, ce sont 314 sociétés situées à l’extérieur du Canada qui ont été acquises par des compagnies d’ici, selon des données compilées par le ministère l’Économie, de la Science et de l’Innovation du Québec à la demande du Journal.

ENTREPRISE­S EN EXPANSION

C’est donc dire que pour chaque entreprise québécoise vendue, 3,5 autres sont achetées dans d’autres pays par des investisse­urs québécois pour assurer la croissance de leur entreprise.

On ne parle pas que de petites transactio­ns.

Sur les 314 acquisitio­ns effectuées par des entreprise­s québécoise­s à l’échelle internatio­nale depuis 2010, la valeur de la transactio­n a été divulguée 218 fois, pour un montant total de 172,8 milliards $.

À l’inverse, sur les 90 achats d’entreprise­s du Québec par des rivales de l’extérieur du Canada, la valeur totale des transactio­ns s’élève à 23,7 milliards $.

CONNUES ET MOINS CONNUES

Certaines transactio­ns jouissent d’une grande visibilité. C’est le cas de l’achat de la chaîne d’optique Iris par son éternelle rivale Groupe Vision New Look, en juillet. Ou encore de l’achat d’usines aux ÉtatsUnis par Cascades.

D’autres ont tendance à passer sous le radar.

Un exemple ? Le fabricant de produits en plastique moulé québécois IPL, qui a procédé à deux acquisitio­ns importante­s aux États-Unis en l’espace de six mois, soutenu par le Fonds de solidarité FTQ et la Caisse de dépôt et placement.

Cette dernière a appuyé plusieurs entreprise­s de son portefeuil­le, qui ont procédé à tout près d’une cinquantai­ne d’acquisitio­ns depuis deux ans.

« C’est pratiqueme­nt l’équivalent d’une acquisitio­n hors Québec toutes les deux semaines », note le premier vice-président pour le Québec de la Caisse de dépôt, Christian Dubé.

Il y a également PremierTec­h, spécialisé­e en agricultur­e et en équipement­s industriel­s, qui a procédé à pas moins de cinq acquisitio­ns au cours de l’exercice 2016-2017. L’entreprise de Rivière-duLoup est aujourd’hui présente dans 24 pays et ses revenus dépassent 675 millions de dollars par an.

PROBLÈME D’IMAGE

Quoi qu’il en soit, la ministre de l’Économie Dominique Anglade reconnaît que davantage doit être fait pour faire connaître le rôle d’acquéreur de Québec inc.

« Pour renverser cette idée […], on essaie de faire le plus possible la promotion de leurs bons coups et on les encourage à propager leurs bonnes nouvelles. Il faut qu’elles soient fières de dire qu’elles sont des conquérant­es. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada