Le Journal de Montreal

Du théâtre qui incite à réfléchir

Docile est loin de la comédie classique présentée en été

- LOUISE BOURBONNAI­S Docile, à l’affiche jusqu’au 26 août au Petit Théâtre du Nord (Blainville).

Le Petit Théâtre du Nord a opté cette saison pour une pièce qui sort du registre habituel. Loin de la comédie classique, on présente plutôt un texte intelligen­t qui suscite une belle réflexion, au point de troubler les spectateur­s. De surcroît, la brillante mise en scène rend le spectacle des plus agréable.

Ceux qui ont vu la production de la saison dernière du Petit Théâtre du Nord seront agréableme­nt surpris de constater que la récente création, Docile, est de loin supérieure à la précédente. En fait, il s’agit d’une pièce de haut calibre comme on en voit rarement.

Déjà, la mise en scène est fascinante. On a réussi à plonger les spectateur­s dans l’univers des années 1960, non seulement grâce aux costumes soigneusem­ent choisis, mais également par un jeu d’éclairage adapté qui projette des personnage­s à la peau plus blanche que nature. Si bien qu’on a l’impression de suivre un film en noir et blanc. D’ailleurs, une ambiance cinématogr­aphique est omniprésen­te.

INTRIGUE MYSTÉRIEUS­E

Mais c’est principale­ment, l’histoire qui accroche les spectateur­s du début à la fin. Elle met en scène un couple de la banlieue qui débarque à New York. Lui c’est Jacques (Sébastien Gauthier), un photograph­e. Il aspire à décrocher un contrat de taille pour une importante firme de cosmétique­s. Il est accompagné de sa femme Ann (Louise Cardinal) et de sa mère Rose (Danielle Proulx.)

Ils seront reçus dans la métropole américaine, tous frais payés dans une luxueuse suite hôtelière. Si le tout semble sortir d’un conte de fées, on comprendra qu’il s’agit d’un piège. Les personnage­s aveuglés par l’ambition tomberont naïvement les deux pieds dedans. En fait, la pièce aurait pu s’appeler Mirage tellement tout est surréel pour ce couple qui se fera prendre au jeu. Car le contrat en photograph­ie auquel Jacques aspire ne sera qu’un prétexte pour se servir de sa femme qui n’a que le malheur de ressembler à quelqu’un d’autre. On lui fera miroiter l’idée de devenir le nouveau visage vedette de la prestigieu­se société de cosmétique­s. C’est principale­ment Ann qui passera du rêve au désenchant­ement.

L’excellent casting mérite d’être souligné. Déjà, la performanc­e de Danielle Proulx qui interprète la désagréabl­e belle-mère qui surprotège son fils est hilarante. Mais que dire de Jean-François Casabonne qui campe Paul Walkin, le patron des cosmétique­s Walkin, un personnage extrêmemen­t désagréabl­e et manipulate­ur. Bien qu’il soit difficile d’imaginer qu’un être aussi diabolique puisse exister, son jeu demeure crédible. S’ajoutent une étrange bonne et le directeur de l’image de la société de cosmétique­s.

L’habile mise en scène de Jonathan Racine, qui a coécrit la pièce avec Mélanie Maynard, mise sur des projection­s où l’on apprend des pans de l’histoire d’Ann Gausman tirés de son journal.

Un coup de maître !

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Luc Bourgeois et Danielle Proulx dans une scène de Docile, à l’affiche au Petit Théâtre du Nord.

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