Du théâtre qui incite à réfléchir
Docile est loin de la comédie classique présentée en été
Le Petit Théâtre du Nord a opté cette saison pour une pièce qui sort du registre habituel. Loin de la comédie classique, on présente plutôt un texte intelligent qui suscite une belle réflexion, au point de troubler les spectateurs. De surcroît, la brillante mise en scène rend le spectacle des plus agréable.
Ceux qui ont vu la production de la saison dernière du Petit Théâtre du Nord seront agréablement surpris de constater que la récente création, Docile, est de loin supérieure à la précédente. En fait, il s’agit d’une pièce de haut calibre comme on en voit rarement.
Déjà, la mise en scène est fascinante. On a réussi à plonger les spectateurs dans l’univers des années 1960, non seulement grâce aux costumes soigneusement choisis, mais également par un jeu d’éclairage adapté qui projette des personnages à la peau plus blanche que nature. Si bien qu’on a l’impression de suivre un film en noir et blanc. D’ailleurs, une ambiance cinématographique est omniprésente.
INTRIGUE MYSTÉRIEUSE
Mais c’est principalement, l’histoire qui accroche les spectateurs du début à la fin. Elle met en scène un couple de la banlieue qui débarque à New York. Lui c’est Jacques (Sébastien Gauthier), un photographe. Il aspire à décrocher un contrat de taille pour une importante firme de cosmétiques. Il est accompagné de sa femme Ann (Louise Cardinal) et de sa mère Rose (Danielle Proulx.)
Ils seront reçus dans la métropole américaine, tous frais payés dans une luxueuse suite hôtelière. Si le tout semble sortir d’un conte de fées, on comprendra qu’il s’agit d’un piège. Les personnages aveuglés par l’ambition tomberont naïvement les deux pieds dedans. En fait, la pièce aurait pu s’appeler Mirage tellement tout est surréel pour ce couple qui se fera prendre au jeu. Car le contrat en photographie auquel Jacques aspire ne sera qu’un prétexte pour se servir de sa femme qui n’a que le malheur de ressembler à quelqu’un d’autre. On lui fera miroiter l’idée de devenir le nouveau visage vedette de la prestigieuse société de cosmétiques. C’est principalement Ann qui passera du rêve au désenchantement.
L’excellent casting mérite d’être souligné. Déjà, la performance de Danielle Proulx qui interprète la désagréable belle-mère qui surprotège son fils est hilarante. Mais que dire de Jean-François Casabonne qui campe Paul Walkin, le patron des cosmétiques Walkin, un personnage extrêmement désagréable et manipulateur. Bien qu’il soit difficile d’imaginer qu’un être aussi diabolique puisse exister, son jeu demeure crédible. S’ajoutent une étrange bonne et le directeur de l’image de la société de cosmétiques.
L’habile mise en scène de Jonathan Racine, qui a coécrit la pièce avec Mélanie Maynard, mise sur des projections où l’on apprend des pans de l’histoire d’Ann Gausman tirés de son journal.
Un coup de maître !