LOUISE DESCHÂTELETS
Que reste-t-il quand on a tout perdu?
Depuis quatre ans, je m’occupe de ma mère atteinte d’Alzheimer. Le CLSC Rosemont m’avait enfin trouvé un CHSLD pour la placer. Devant l’échec de l’exercice, je vous joins pour publication une copie de la lettre que je leur ai envoyée dans l’espoir d’avoir un impact.
« Bonjour M. Brazeau. Merci beaucoup pour les efforts déployés pour trouver un hébergement pour ma mère, mais j’aurais dû faire une inspection avant de l’y installer. Vous aviez raison, les hébergements de transition ne sont pas les meilleurs endroits. Car effectivement, le CHSLD Jeanne Leber où j’ai placé ma mère est absolument épouvantable.
Je l’y ai laissé le 23 juin comme convenu, mais 24 heures plus tard, je la ramenais à la maison pour plusieurs raisons. Les chambres n’ayant pas de toilettes, commet voulez-vous qu’une personne qui souffre d’Alzheimer s’y retrouve avec des toilettes dans le corridor? Plus grave encore : la qualité de la nourriture servie aux malades. Ma mère se contentait alors de manger les compotes et les yogourts. J’ai dû aller lui acheter des sandwichs et des croissants pour la sustenter et assurer sa santé mentale et physique. Que dire des couvertures des lits qui sont des guenilles tout justes bonnes à jeter.
Quand on s’est présentées sur les lieux le 23juin, la pharmacie du CHSLD étain fermée jusqu’au lundi à cause du congé. Il m’a fallu aller acheter ses médicaments essentiels à la PJC. Une chance que ma cousine m’accompagnait, sinon je ne m’en sortais pas L’ambiance du lieu est déprimante vu que les cas sont presque tous plus avancés que celui de ma mère. Aucune interaction possible entre elle et ces patients aux couches, déconnectés de la réalité. Heureusement, il lui reste le personnel avec qui communiquer.
Malgré tout, je souligne le travail extraordinaire du personnel, gentil et super professionnel. Je serais incapable d’avoir une vie normale sachant ma mère dans un tel lieu. Surtout qu’ayant passé 5 jours à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, avec un service digne d’un 5 étoiles incluant la nourriture, ma mère est encore capable de faire la différence.
Comme les résidences privées sont trop chères à 3000.00 par mois, que les meilleurs CHSLD publics sont en liste d’attente de 1 à 2 ans, qu’il ne me reste que le cauchemar vécu la semaine dernière à 1500.00$ par moi en chambre partagée, je me rabats sur les services du CLSC à domicile. Malheureusement depuis le retour de ma mère, on m’envoie une personne différente chaque fois, et elle ne le supporte pas.
Comme ça fait plusieurs mois que je ne travaille pas pour prendre soin de ma mère 24h/24h, je n’ai aucun revenu. Je n’ai d’autre choix que de vivre sur sa pension. J’aimerais bien que les ministres et députés aillent passer 24h dans un CHSLD comme Jeanne Leber pour comprendre que ce n’est pas humain d’y parque nos malades. Que reste-t-il comme solution? Est-ce que le Québec attend que tous ses aidants naturels meurent épuisés à la tâche? Elsa Lopez
Je n’ai rien à ajouter à la description que vous faites d’une situation inacceptable. J’espère pour vous, une réponse des autorités concernées. Depuis le temps qu’on promet aux aidants naturels de s’occuper de leur cas, qu’attend-on pour le faire? Dire que l’ex-ministre Marguerite Blais avait procédé à une si impressionnante consultation auprès de cette clientèle!
À propos de l’intimidation
Ce qu’on vous décrit souvent concernant les injustices vécues par nos aînés parqués en résidence, est malheureusement vrai. Depuis 10 ans que je fais du bénévolat dans ce type de lieu, j’ai reçu beaucoup de témoignages allant dans le même sens. Louis Plamondon, juriste et sociologue en connaît un chapitre sur le sujet. Hélène Morin
Je trouvais important de faire suivre la précédente lettre de la vôtre pour montrer à quel point un sérieux ménage a besoin d’être fait dans ce secteur.