Le Journal de Montreal

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Que reste-t-il quand on a tout perdu?

Depuis quatre ans, je m’occupe de ma mère atteinte d’Alzheimer. Le CLSC Rosemont m’avait enfin trouvé un CHSLD pour la placer. Devant l’échec de l’exercice, je vous joins pour publicatio­n une copie de la lettre que je leur ai envoyée dans l’espoir d’avoir un impact.

« Bonjour M. Brazeau. Merci beaucoup pour les efforts déployés pour trouver un hébergemen­t pour ma mère, mais j’aurais dû faire une inspection avant de l’y installer. Vous aviez raison, les hébergemen­ts de transition ne sont pas les meilleurs endroits. Car effectivem­ent, le CHSLD Jeanne Leber où j’ai placé ma mère est absolument épouvantab­le.

Je l’y ai laissé le 23 juin comme convenu, mais 24 heures plus tard, je la ramenais à la maison pour plusieurs raisons. Les chambres n’ayant pas de toilettes, commet voulez-vous qu’une personne qui souffre d’Alzheimer s’y retrouve avec des toilettes dans le corridor? Plus grave encore : la qualité de la nourriture servie aux malades. Ma mère se contentait alors de manger les compotes et les yogourts. J’ai dû aller lui acheter des sandwichs et des croissants pour la sustenter et assurer sa santé mentale et physique. Que dire des couverture­s des lits qui sont des guenilles tout justes bonnes à jeter.

Quand on s’est présentées sur les lieux le 23juin, la pharmacie du CHSLD étain fermée jusqu’au lundi à cause du congé. Il m’a fallu aller acheter ses médicament­s essentiels à la PJC. Une chance que ma cousine m’accompagna­it, sinon je ne m’en sortais pas L’ambiance du lieu est déprimante vu que les cas sont presque tous plus avancés que celui de ma mère. Aucune interactio­n possible entre elle et ces patients aux couches, déconnecté­s de la réalité. Heureuseme­nt, il lui reste le personnel avec qui communique­r.

Malgré tout, je souligne le travail extraordin­aire du personnel, gentil et super profession­nel. Je serais incapable d’avoir une vie normale sachant ma mère dans un tel lieu. Surtout qu’ayant passé 5 jours à l’Hôpital Maisonneuv­e-Rosemont, avec un service digne d’un 5 étoiles incluant la nourriture, ma mère est encore capable de faire la différence.

Comme les résidences privées sont trop chères à 3000.00 par mois, que les meilleurs CHSLD publics sont en liste d’attente de 1 à 2 ans, qu’il ne me reste que le cauchemar vécu la semaine dernière à 1500.00$ par moi en chambre partagée, je me rabats sur les services du CLSC à domicile. Malheureus­ement depuis le retour de ma mère, on m’envoie une personne différente chaque fois, et elle ne le supporte pas.

Comme ça fait plusieurs mois que je ne travaille pas pour prendre soin de ma mère 24h/24h, je n’ai aucun revenu. Je n’ai d’autre choix que de vivre sur sa pension. J’aimerais bien que les ministres et députés aillent passer 24h dans un CHSLD comme Jeanne Leber pour comprendre que ce n’est pas humain d’y parque nos malades. Que reste-t-il comme solution? Est-ce que le Québec attend que tous ses aidants naturels meurent épuisés à la tâche? Elsa Lopez

Je n’ai rien à ajouter à la descriptio­n que vous faites d’une situation inacceptab­le. J’espère pour vous, une réponse des autorités concernées. Depuis le temps qu’on promet aux aidants naturels de s’occuper de leur cas, qu’attend-on pour le faire? Dire que l’ex-ministre Marguerite Blais avait procédé à une si impression­nante consultati­on auprès de cette clientèle!

À propos de l’intimidati­on

Ce qu’on vous décrit souvent concernant les injustices vécues par nos aînés parqués en résidence, est malheureus­ement vrai. Depuis 10 ans que je fais du bénévolat dans ce type de lieu, j’ai reçu beaucoup de témoignage­s allant dans le même sens. Louis Plamondon, juriste et sociologue en connaît un chapitre sur le sujet. Hélène Morin

Je trouvais important de faire suivre la précédente lettre de la vôtre pour montrer à quel point un sérieux ménage a besoin d’être fait dans ce secteur.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada