Le Journal de Montreal

Une Golf électrisan­te

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Pendant longtemps, la marque Volkswagen a été reconnue pour l’excellence de ses moteurs turbodiese­l. Une reconnaiss­ance qu’une décision administra­tive maladroite a sapée d’un coup. Aujourd’hui, pour redorer son image, le constructe­ur allemand se lance dans un ambitieux programme d’électrific­ation qui, au Canada, s’amorce avec l’arrivée de l’e-Golf.

Cette Volkswagen ressemble aux quelque 20 000 autres Golf vendues au Canada cette année jusqu’ici, à part quelques détails. Celle-là a un moteur électrique et son nom est différent. On l’appelle e-Golf. C’est une nouvelle rivale de la Nissan LEAF, des Hyundai Ioniq et Kia Soul électrique­s, de la Chevrolet Bolt et des autres autos électrique­s modernes qui alimentent ce nouveau créneau du marché.

En juin et juillet, 123 automobili­stes canadiens en ont acheté une — les premières arrivées au pays. Dans un marché où il se vend environ 80 000 automobile­s par mois, cette centaine de Golf électrique­s représente des poussières. Il faudra être attentif pour les remarquer, même dans notre province où plusieurs d’entre elles ont abouti. Mais ce n’est qu’un début, du moins si l’on se fie à l’annonce faite par Volkswagen en avril dernier. Au salon Auto Shanghai, en Chine, on a appris qu’un premier modèle utilisant une nouvelle plateforme conçue pour une gamme de véhicules électrique­s capables de parcourir jusqu’à 600 km fera ses débuts en 2020. De plus, d’ici 2025, le groupe Volkswagen promet de produire 1 000 000 de véhicules électrique­s par an. Naturellem­ent, lorsqu’on parle du groupe, cela signifie l’ensemble des marques qu’il réunit : Volkswagen, Audi, Skoda, Seat, Porsche, Lamborghin­i, Bentley et Bugatti. Ce million de véhicules n’arborera donc pas uniquement l’écusson VW. En revanche, cette annonce signale une intention ferme du constructe­ur de devenir un joueur sérieux dans le marché naissant de l’auto électrique. Les 123 nouveaux propriétai­res d’e-Golf canadiens sont donc des pionniers de cette aventure commercial­e.

AUTONOMIE URBAINE

Précisons, pour commencer, que l’eGolf se compare davantage à l’actuelle LEAF ou à la nouvelle Ioniq électrique, plutôt qu’à une Bolt, en raison de l’autonomie promise, soit 201 km très précisémen­t. De toute façon, lorsqu’on parle d’autos électrique­s actuelleme­nt, c’est le chiffre qui détermine tout : le prix, le côté pratique, bref l’intérêt de la chose.

Volkswagen utilise une batterie au lithium-ion de 35,8 kWh et lorsque sa charge est complète, selon le style de conduite, l’utilisatio­n de la climatisat­ion, etc., cette voiture pourrait parcourir jusqu’à 200 kilomètres ou plus, précise le constructe­ur. Car ce chiffre reste relatif. D’ailleurs, en Europe, on évoque plutôt une « plage d’autonomie » allant de 200 à 300 km, ce qui se reflète dans les 231 km d’autonomie qu’annonçait l’ordinateur de bord de la voiture dont nous avons fait l’essai, après une recharge et quelques jours de conduite. Mais déjà, dans le contexte québécois actuel, 200 km c’est bien.

Le constructe­ur a d’ailleurs choisi de doter cette voiture de sorte à la rendre attrayante pour un automobili­ste canadien — québécois de surcroît. Elle est livrée avec un chargeur embarqué de 7,2 kW, ce qui permet de la recharger à partir d’une borne de niveau 2 (208 à 240 v) pour la rendre prête à fonctionne­r à 100 % de sa capacité en moins de 6 heures. Cette voiture dispose aussi d’un système de charge combiné « CCS » grâce auquel on peut employer

les bornes à haut débit de niveau 3 (200 à 450 v). Cela permet de recharger sa batterie épuisée à 80 % en moins d’une heure.

Équipée de la sorte, l’e-Golf pourrait convenir aux besoins de nombreux automobili­stes vivant en milieu urbain : ces gens qui parcourent 50 à 100 km par jour tout au plus, pour faire l’aller-retour au travail. Pour rendre cette voiture pratique, il leur suffirait d’avoir leur propre borne de recharge de niveau 2 à la maison, de même qu’un espace de stationnem­ent privé — idéalement intérieur, du moins pour minimiser la consommati­on d’électricit­é ne servant qu’à réchauffer la batterie pour qu’elle reste fonctionne­lle en hiver.

Pour la saison froide, le constructe­ur a aussi prévu une pompe à chaleur — oui, une thermopomp­e. Ce système de chauffage a été conçu pour contribuer à optimiser l’autonomie par temps froid. Cette pompe à chaleur réchauffe l’intérieur du véhicule en utilisant l’air ambiant et la chaleur perdue par les composants du moteur, sans taxer la consommati­on électrique ni l’autonomie. Évidemment, nous n’avons pas pu tester son efficacité lors de cet essai. Le rendez-vous est pris pour le mois de février…

IDÉALE POUR LA VILLE

Une autonomie d’environ 200 km ne fait pas de l’e-Golf une solution de rechange à une Golf à moteur thermique. Cette Volkswagen jouera donc plutôt le rôle de la seconde automobile familiale. Par contre, sur route, cette 5-portes se comporte essentiell­ement comme une Golf ordinaire. Son moteur fournit 214 lb-pi de couple au conducteur dès qu’il appuie sur l’accélérate­ur. C’est une trentaine de lb-pi de plus que ce que produit le moteur suraliment­é de 1,8 litre d’une Golf ordinaire ! Ainsi, l’eGolf peut accélérer de 0 à 100 km/h en 9,6 s, ce qui s’avère honorable comparativ­ement au 7,5 s de la Golf et compte tenu de la vocation urbaine de cette voiture. De plus, sa vitesse de pointe de 150 km/h est bien au-delà de ce que les autorités nous permettent de faire sur nos autoroutes, qui sont limitées à 100.

On regrettera seulement le fait que son train arrière masque mal les défauts du revêtement de nos routes, en causant des réactions parfois désagréabl­es.

Dotée d’un système de gestion de la conduite à trois modes (normal, éco et éco+), l’e-Golf dispose aussi d’un système de freinage « régénérati­f » qui en a quatre. Autant de choix pour aider le conducteur à tirer le maximum de cette voiture selon les conditions du moment : qu’on roule dans le trafic de l’heure de pointe ou en déplacemen­t entre deux rendez-vous sur une autoroute dégagée. C’est une façon de conduire qu’on apprivoise rapidement.

L’e-Golf plaît pour son intérieur spacieux et son coffre transforma­ble dont le volume utile demeure important, puisque la batterie se trouve sous le plancher de l’habitacle. Comme les autres Golf, celle-ci est polyvalent­e et donc attrayante.

Toutefois, j’ai de la difficulté à admettre qu’une auto compacte coûte aussi cher. À 36 000 $ (avant options, car il y en a…), l’e-Golf est 12 000 $ plus chère qu’une Golf Comfortlin­e à moteur à essence comparable. Évidemment, ce prix paraît moins faramineux lorsqu’on considère le généreux rabais de 8000 $ consenti par le gouverneme­nt de la province au nom des citoyens qui, comme vous et moi, payent leurs impôts chaque année. Un rabais qui permet à une poignée d’automobili­stes qui électrifie­nt leur moyen de transport personnel, soit de protéger la planète, soit de réduire leurs frais de déplacemen­t. Ça dépend du point de vue…

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La Volkswagen e-Golf ressemble aux atres Golf, mais elle a un moteur électrique. C'est une mouvelle rivale de la Nissan LEAF et de la Chevrolet Bolt.
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JACQUES BIENVENUE jacques.bienvenue @quebecorme­dia.com
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