Le Journal de Montreal

Il y a 35 ans, Rouyn avait failli battre Taïwan

L’équipe a été honorée samedi à Williamspo­rt

- DAVID PRINCE

ROUYN-N0RANDA | Il y a 35 ans, le monde du baseball vibrait pour une bande de jeunes de 11-12 ans de l’Abitibi qui était à cinq retraits de battre Taïwan.

Taïwan venait de gagner 10 des 13 dernières Séries mondiales des petites ligues de baseball, ce qui commençait à énerver les Américains.

Alors, quand l’équipe de Rouyn, une petite ville de l’Abitibi qui ne comptait que 17 000 habitants à l’époque, menait 7 à 3 contre Taïwan en demi-finale de la Série mondiale des Petites Ligues de 1982, les quelque 21 000 personnes présentes dans le stade de Williamspo­rt se sont rangées derrière elle.

« Ç’a été l’un des plus beaux moments sportifs de ma carrière. Rouyn qui représente le Canada au baseball, c’était déjà quelque chose de gros ! Quand tu as 12 ans et que 21 000 personnes te soutiennen­t dans un stade, c’est marquant. On n’oubliera jamais ça. Ça m’a bien préparé pour ma carrière dans le hockey », a raconté Pierre Turgeon, qui a marqué 500 buts dans la Ligue nationale de hockey et qui était un des joueurs vedettes de l’équipe de Rouyn, avec Stéphane Matteau, un autre ancien joueur de la LNH.

Le miracle ne s’est finalement pas produit puisque Taïwan a renversé la vapeur pour l’emporter 10 à 7. Mais en Abitibi, personne n’a oublié ce conte de fées (voir autre article).

RETOUR À WILLIAMSPO­RT

Quelque 35 ans plus tard, la formation de Rouyn (c’était avant la fusion avec Noranda) a été honorée samedi soir sur le mythique terrain de Williamspo­rt, qui accueille chaque année les meilleurs jeunes joueurs de baseball du monde.

« C’est vraiment le fun. Il y a des gens que je n’ai pas vus depuis 35 ans. On se raconte des anecdotes depuis trois jours. Ça fait 35 ans et les gens nous en parlent encore », dit Martin Lafrenière, qui jouait à l’arrêt-court.

SIX HEURES PAR JOUR

Contrairem­ent à d’autres pays où le baseball est roi et où les jeunes jouent 12 mois par année, la formation de l’Abitibi ne pratiquait le baseball que deux mois par an, ce qui rendait l’exploit encore plus spécial.

« À l’été 1982, on s’entraînait deux fois par jour. On pouvait être six heures par jour sur le terrain. On avait beaucoup de talent et les entraîneur­s ont fait des sacri- fices incroyable­s pour nous préparer », a dit Pierre Turgeon, qui est le seul Canadien à avoir été admis au Temple de la renommée des Petites ligues à Williamspo­rt.

À 12 ans, l’ex-capitaine du CH mesurait déjà 6 pi et pesait 180 lb. Sa rapide atteignait les 70 miles à l’heure et il a claqué plusieurs circuits importants.

« J’aurais pu choisir le baseball. Mais ma passion était vraiment le hockey », a raconté celui qui serait entraîneur adjoint chez les Kings cette année.

UN CIRCUIT IMPORTANT

Si l’expérience de Williamspo­rt a marqué à jamais les joueurs, ils sont presque unanimes à dire que le moment marquant de leur été a été la finale du Championna­t canadien qui se déroulait à Bouchervil­le.

L’équipe de l’Abitibi tirait de l’arrière en finale et devait gagner pour se qualifier pour les Séries mondiales.

Pierre Turgeon a alors produit le point égalisateu­r avant de frapper le circuit en prolongati­on pour faire gagner son équipe. « Ç’a été mon plus beau match de baseball à vie. Ça, c’est clair ! » raconte Turgeon.

« QUAND TU AS 12 ANS ET QUE 21 000 PERSONNES TE SOUTIENNEN­T DANS UN STADE, C’EST MARQUANT. ON N’OUBLIERA JAMAIS ÇA. ÇA M’A BIEN PRÉPARÉ POUR MA CARRIÈRE DANS LE HOCKEY. » – Pierre Turgeon

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PHOTOS COURTOISIE ET MARC DUBOIS L’équipe de Rouyn qui a représenté le Canada en 1982 (photo du haut) a posé 35 ans plus tard (photo du bas) dans le même ordre à Williamspo­rt.
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