LA LEÇON D’ESPOIR D’ALEXIS GUIMOND
Victime de plusieurs AVC, un skieur prometteur pour les Jeux paralympiques
Des AVC à 6 mois et à 12 ans l’ont laissé partiellement paralysé sans pourtant altérer ses ambitions de skieur para-alpin. À 18 ans, Alexis Guimond s’approche déjà du podium tant convoité aux Jeux paralympiques de Pyeongchang.
« Je suis un des rares cas à avoir subi autant d’AVC en si bas âge. Avec mes résultats en ski, je pourrais devenir la voix des personnes qui ont été victimes comme moi d’un AVC quand elles étaient jeunes », estime l’athlète de Gatineau, qui surprend par sa rapide progression malgré son handicap l’obligeant à skier avec un seul bâton.
DEUX ACCIDENTS
L’histoire d’Alexis comporte déjà une mission qu’il s’est donnée en regardant vers l’avenir plutôt que de s’apitoyer sur les circonstances qui l’ont conduit à l’hémiparésie. Cette forme de paralysie partielle se remarque surtout de son côté droit, mais le gauche souffre aussi d’un déficit de motricité fine.
Deux accidents vasculaires cérébraux ont marqué son destin. Le premier à l’âge de six mois, résultant d’une chute, l’a paralysé partiellement du côté droit.
Le deuxième à 12 ans — « celuilà j’en ai été conscient, alors que je ne me souviens évidemment pas de celui que j’ai eu à six mois », précise-t-il — est survenu au cours d’un entraînement en vélo de montagne. Une vingtaine de minutes après avoir fourni un effort en montée, il est soudainement tombé sur le côté.
« J’ai essayé de me relever, mais les jambes ne répondaient plus. Je suis tombé inconscient et, quand je me suis réveillé, j’étais sur l’épaule de mon entraîneur. Je pouvais seulement bouger mes yeux. Rien d’autre. Je ne pouvais même pas parler », raconte-t-il.
PUIS UN TROISIÈME !
Transporté d’urgence à l’hôpital, il mettra plusieurs heures avant de retrouver la parole et la capacité de mouvements. Aussi inquiétant fût-il, cet épisode en cachait un autre. Les mêmes symptômes, de ne pouvoir ni parler ni bouger, sont apparus plusieurs jours plus tard et, cette fois, la solution a été le plonger durant deux semaines dans un coma artificiel.
« Quand je suis sorti du coma, j’ai dû réapprendre à marcher, à parler et à manger. »
SKIEUR PROMETTEUR
Le jeune Guimond, motivé par son frère aîné qui pratiquait le ski, s’y était initié à l’âge de neuf ans au club Edelweiss de Wakefield, dans l’Outaouais. Depuis cette deuxième vague d’AVC, un élève prometteur pour l’équipe canadienne de ski para-alpin venait résolument de naître.
Son bras et sa jambe gauches ont une capacité subtilement affaiblie, mais ils lui servent de côté fort comme appui et pour tenir le bâton. Par contre, sa main droite qu’il ne peut contrôler, puis sa jambe et son pied partiellement paralysés ont diminué ses réflexes et ses mouvements du côté droit.
« Mes jambes tremblent parfois dans certains virages et j’ai moins de coordination et de rapidité dans mes mouvements, ce qui me cause plus de problèmes en slalom parce que ça exige tellement de rapidité dans les virages », observe-t-il.
Mais pourtant ! Le jeune homme a déjà commencé sa collection de podiums en Coupe du monde, notamment à l’événement-test pour les Jeux de Pyeongchang en mars dernier. Sa victoire au slalom géant et ses deux médailles d’argent en descente et en super-G nous laissent avec de bons indices pour les Paralympiques de 2018.
Grâce à ces résultats, on en sait aussi un peu plus sur sa propension à nourrir l’espoir.
« Je ne me suis jamais demandé pourquoi tout ça m’est arrivé à moi, bien qu’il soit quand même frustrant de vivre ces accidents sans même savoir pourquoi ça nous arrive. Maintenant, il faut juste regarder en avant et continuer. »