Les Hells Angels plus forts que jamais
Le Québec montre encore qu’il constitue un « terreau fertile » pour les bandes de motards, malgré les opérations policières à leurs dépens.
C’est ce que constatent des experts du crime organisé, dont l’auteur Pierre de Champlain qui en voit une indication claire avec cette prolifération de clubs proches des Hells.
« On assiste présentement à une recrudescence de bandes de motards comme on n’en a peut-être pas vu depuis le début des années 80 alors que les Hells, qui ne tolèrent pas la concurrence, absorbaient ces clubs les uns après les autres », a expliqué cet ancien analyste du renseignement à la GRC.
Il estime que, maintenant, « les Hells ont le champ libre et sont en train de placer leurs pions partout dans la province » pour que leurs affaires criminelles « marchent rondement ».
Selon lui, en plus de bénéficier de cet environnement propice au recrutement, les Hells ont pu accélérer leur régénérescence avec « la déconfiture » des procédures judiciaires de l’opération SharQc qui a conduit à la libération hâtive de plusieurs dizaines de motards arrêtés en 2009.
Les motards profitent aussi de la « débandade » de la mafia italienne, dont la présence est confinée à Montréal et qui est déchirée par une « guerre interne sanglante » qui perdure depuis une décennie, dit-il.
DES SELFIES
Pour Paul Laplante, qui fut un pilier de l’escouade Carcajou, les Hells Angels ont présentement du succès avec une « stratégie » de visibilité comportant un double objectif : « démontrer la puissance de leur organisation et se rapprocher des citoyens ».
« Cet été, ils ont fait voir leurs “patchs” à Ottawa, à l’expo agricole de Saint-Hyacinthe, au Festival du cochon de Sainte-Perpétue et à la piste de Sanair, où les gens leur ont acheté des chandails pour démontrer leur support. À Sainte-Perpétue, j’ai moi-même vu des grand-mamans et leurs petits-enfants prendre des selfies avec des membres en règle des Hells ! », a relaté le retraité de la SQ.
Les Hells sont actuellement « en mode affaires et non en mode violence », d’après lui. « Pour bien des gens, c’est toujours la même histoire avec les motards : pas de violence, pas de problèmes. Les Hells essaient plus que jamais de cultiver l’image de bons gars », a relaté l’ex-policier qui était sur le terrain durant la guerre des motards qui a fait plus de 160 morts au Québec entre 1994 et 2002.