L’antidote au fentanyl pas assez accessible
Il sauve des vies en annulant les effets de l’opioïde
Les pharmaciens du Québec réclament un accès gratuit à l’antidote qui permet de soigner une surdose au fentanyl puisqu’ils pensent que cette mesure pourrait sauver des vies menacées par la puissante drogue.
Alors qu’une vague de surdoses de fentanyl a touché Montréal en fin de semaine et que la police a indiqué avoir compté deux morts liés à cet opioïde au cours des trois derniers mois, l’Ordre des pharmaciens souligne les limites de l’accès à la naloxone, qui permet de traiter les surdoses.
« En ce qui concerne la naloxone, l’ordonnance collective prévoit que les patients qui disposent d’une prescription peuvent se faire rembourser leur achat, explique Manon Lambert, directrice de l’Ordre des pharmaciens du Québec. Le problème, c’est que cela ne concerne que l’usager. »
PAS DONNÉ
Mme Lambert pense que ce dispositif laisse de côté les personnes qui souhaitent se procurer de la naloxone pour venir en aide à un proche en cas de surdose, mais aussi les usagers de drogue « hors-sys- tème » qui ne sont pas inscrits à l’assurance maladie.
« C’est d’autant plus problématique qu’un flacon de naloxone coûte quand même autour de 40 $ 50 $ », renchérit Mme Lambert.
Une expérience pilote a été lancée en 2015 à Montréal et permet à quatre pharmacies de distribuer gratuitement des trousses de secours comprenant tout le matériel nécessaire pour administrer de la naloxone dans les meilleures conditions en cas de surdose.
« Ce dispositif a fait ses preuves en fin de semaine lors de la vague de surdoses qui a touché le quartier Hochelaga-Maisonneuve, affirme la Dre Carole Morissette, chef médicale à la Direction de la santé publique de Montréal. Il a permis de sauver des vies. »
Manon Lambert pense que ce système de trousses gratuites fournies sur simple demande devrait être élargi à l’ensemble des pharmacies.
« On a toujours souhaité enlever les limitations sur un produit comme celui-ci qui permet de sauver des vies, plaide-t-elle. Il n’y a pas de risques d’abus, car personne ne souhaite en acheter à part les gens qui en ont vraiment besoin. »