Le Journal de Montreal

Jaggi Singh Superstar

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Si je faisais partie d’un groupe idéologiqu­e controvers­é et que j’organisais une manif la semaine prochaine, savez-vous ce que je souhaitera­is de tout mon coeur ?

Que Jaggi Singh et les casseurs du Black Bloc se pointent à ma manif et foutent le bordel.

Je pense que j’allumerais des cierges et que je monterais à genoux les marches de l’Oratoire pour que ça se produise.

LES MEILLEURS AMIS DE LA DROITE

Car c’est bien connu, la gauche radicale ne nuit pas à ses ennemis : elle les aide !

Je suis sûr que les gens de La Meute se sont fait des high fives quand ils ont appris que Singh et sa bande de casseurs allaient se pointer à leur manif.

« Yes ! Ils vont tout casser sur leur passage et provoquer les policiers, on n’aura qu’à manifester en silence pour passer pour des petits minous dégriffés ! Remercieme­nts à Jean XXIII pour faveur obtenue… »

Le piège était gros comme ça, et les grands intellos de la gauche radicale sont tombés en plein dedans.

Si Singh voulait vraiment sensibilis­er la population à l’importance de joindre son combat contre « le fascisme et l’extrême droite », il respectera­it la loi, dévoilerai­t son identité lorsque les policiers lui demandent son nom et aurait un comporteme­nt au-dessus de tout soupçon. Mais il s’en fout. Il ne veut pas parler à la population, il ne veut pas mettre Monsieur et Madame Tout-le-monde de son bord, il ne veut pas que « la masse » joigne son mouvement, c’est le cadet de ses soucis.

Il veut juste paraître cool aux yeux de sa bande.

LE KEITH MOON DES MANIFS

En fait, on a l’impression qu’il n’y a qu’une chose qui a de l’importance pour Jaggi Singh : Jaggi Singh luimême. La cause, il s’en balance. Si le combat antifascis­te lui tenait à coeur, le « Che Guevara » de la gauche radicale québécoise n’agirait pas comme lui et comme ses « camarades » ont agi dimanche dernier. Il dénoncerai­t la violence, comme Gabriel Nadeau-Dubois l’a dénoncée. Mais non. Il provoque et fout le bordel, en espérant que les flics finissent par le menotter.

C’est comme Keith Moon, l’ancien batteur des Who.

Les gens n’allaient pas le voir pour l’entendre jouer de la batterie. Ils espéraient juste qu’il poigne les nerfs, qu’il vomisse sur scène et qu’il détruise ses instrument­s.

Son talent de musicien, les spectateur­s s’en foutaient. On voulait juste qu’il fasse le pitre. Idem pour Jaggi Singh. Le gars ne va pas à des manifs pour passer un message. Il va à des manifs pour se faire arrêter. C’est ça son trip. Se faire photograph­ier en train de se faire passer les menottes par des « méchants, méchants » policiers.

Je suis sûr que, lundi matin, il découpait les journaux pour coller les photos de son arrestatio­n dans son scrapbook.

UN CLOWN

Certains vont au Défilé de la fierté gaie pour voir des gars tout nus avec des plumes dans le cul.

Et on va aux manifs de la gauche radicale pour voir Jaggi Singh se faire arrêter. C’est un classique. Singh ne le sait pas, mais il est devenu une joke.

Ce n’est pas un militant, c’est un showman.

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Jaggi Singh collection­ne les arrestatio­ns comme d’autres, les trophées...
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