Le Journal de Montreal

Victoire du Journal contre une ville et quatre commission­s scolaires

Les organismes refusaient depuis sept ans de révéler certains frais d’avocats

- MICHAËL NGUYEN

Le Journal a remporté en appel sa bataille contre des commission­s scolaires qui refusaient depuis des années de révéler les sommes d’argent public dépensé en frais d’avocats dans un dossier.

« De façon générale, il s’agit d’une victoire pour l’accès à l’informatio­n, les contribuab­les auront accès à l’informatio­n », a commenté Bernard Pageau, l’avocat qui a mené le dossier avec Éric Meunier pour Le Journal.

Depuis 2010, quatre commission­s scolaires, dont celle des Grandes-Seigneurie­s, avaient tout fait pour garder secrets les honoraires d’avocats engendrés dans un dossier d’action collective entamée par des parents. Elles invoquaien­t le secret profession­nel, ajoutant craindre de « révéler l’ampleur des moyens mis en oeuvre », peut-on lire dans le jugement.

Mais pour invoquer le secret, il faut vérifier si l’informatio­n « se situe dans la sphère du secret », expliquent les juges Paul Vézina, Robert Mainville et Denis Jacques en dressant des balises afin d’examiner chaque cas.

« Sinon, il n’y a pas de secret, la question d’exceptions au secret ne se pose pas, la restrictio­n au droit d’accès est inexistant­e », indiquent-ils.

TERREBONNE

Dans le même jugement, la Cour d’appel du Québec donne également raison au Journal qui cherchait à savoir, depuis 2011, l’ampleur des frais d’avocats dépensés par la Ville de Terrebonne dans des dossiers contre un citoyen.

La Ville invoquait le secret profession­nel pour cacher l’informatio­n, mais elle a été entièremen­t déboutée.

« Le secret profession­nel permet à la Ville de pleinement se défendre contre ceux qui la poursuiven­t en justice, mais il ne la dégage pas de son imputabili­té vis-à-vis de ses administré­s, rappelle le plus haut tribunal de la province. Le total des honoraires ne révélera rien de confidenti­el. »

À moins que les commission­s scolaires et que la Ville saisissent la Cour suprême du Canada, elles devront livrer les informatio­ns demandées d’ici les 10 prochains jours.

DÉBAT PUBLIC

En rendant cette décision, la Cour d’appel rappelle que l’objectif de la loi sur l’accès à l’informatio­n est « d’informer pour favoriser un débat éclairé ».

« C’est le gros bon sens. Ce qu’on demandait ne brisait aucune confidenti­alité, et pourtant Le Journal a dû se battre pendant sept ans pour obtenir les montants que les contribuab­les ont dépensés », a commenté le directeur de l’informatio­n du Journal, George Kalogeraki­s.

Il déplore d’ailleurs que ce soit avec de l’argent public que les commission­s scolaires aient tenté de barrer la route au Journal, qui n’a jamais lâché le morceau.

« Le Journal prend au sérieux sa responsabi­lité d’être le chien de garde de nos politicien­s et des gens au pouvoir », a-t-il ajouté.

La Commission scolaire des Grandes-Seigneurie­s n’a pas souhaité, à ce stade-ci, commenter l’affaire.

 ?? PHOTO MARTIN ALARIE ?? Les avocats Bernard Pageau (à gauche) et Éric Meunier, qui représenta­ient Le Journal dans cette saga judiciaire contre des organismes publics qui refusaient de dévoiler leurs honoraires d’avocats, se sont réjouis de la victoire en Cour d’appel du...
PHOTO MARTIN ALARIE Les avocats Bernard Pageau (à gauche) et Éric Meunier, qui représenta­ient Le Journal dans cette saga judiciaire contre des organismes publics qui refusaient de dévoiler leurs honoraires d’avocats, se sont réjouis de la victoire en Cour d’appel du...

Newspapers in French

Newspapers from Canada