Le Journal de Montreal

Le Québec pris en otage

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Il y a de bonnes raisons de se demander si le Québec n’est pas en train de devenir fou.

Dans notre province fatiguée qui a l’habitude de se croire à l’abri du tumulte de l’histoire, la rue devient le théâtre de manifestan­ts radicalisé­s qui se prennent pour les combattant­s d’avant-garde d’un conflit apocalypti­que.

Apparemmen­t, les Québécois devraient choisir entre l’extrême droit et l’extrême gauche, comme si elles incarnaien­t les deux avenirs possibles de notre société. Le Québec est pris en otage.

EXTRÊMES ?

Les médias en rajoutent en braquant les projecteur­s sur des militants hyperactif­s déconnecté­s des Québécois ordinaires.

Il serait temps de reprendre contact avec le réel.

Nous n’avons pas à choisir entre deux bandes d’excités, même si Philippe Couillard semble nous y inviter avec un cynisme qui donne froid dans le dos. Philippe Couillard cultive la peur en laissant croire que la xénophobie ronge le Québec.

Allons-y maintenant de quelques observatio­ns politiques élémentair­es.

Il y a quelque chose d’insensé à voir La Meute prétendre se transforme­r en porte-parole de l’insécurité identitair­e des Québécois.

Nos médias se demandent comment qualifier cette inquiétant­e milice qui s’est donné un nom menaçant et qui cultive l’obscurité. Une chose est certaine, ils ne sont ni nationalis­tes ni « ultranatio­nalistes ».

Faut-il rappeler que ses dirigeants parlent indistinct­ement du Québec et du Canada, comme si les deux pays n’en faisaient qu’un et comme s’il n’y avait qu’une culture à la grandeur de la fédération ?

Depuis quand les nationalis­tes québécois brandissen­t-ils l’unifolié pour affirmer leur identité ?

Il serait insensé que cette société secrète devienne un vecteur médiatique­ment important de la cause québécoise, qui mérite mieux qu’une patte de loup sur fond noir comme drapeau.

L’extrême gauche, quant à elle, nous confirme qu’elle est bien plus dangereuse qu’on ne le croit. Elle a plusieurs visages. Certes, elle peut prendre le visage de l’anarchisme encagoulé qui cherche la bagarre dans les manifestat­ions et qui idéalise la violence, comme si elle jouissait de son explosion.

Trop souvent, ces anarchiste­s ont une psychologi­e de fascistes.

NATIONALIS­ME

Mais l’extrême gauche est aussi capable de se cravater en se donnant un faux air de modération. On ne compte plus les analystes qui témoignent à son endroit d’une vraie complaisan­ce. On en trouve toujours pour excuser sa violence, comme si elle était bien intentionn­ée.

Il faudrait donner une ou deux leçons d’histoire à ceux qui parlent avec complaisan­ce de l’extrême gauche : elle est capable des pires horreurs pour ses idées, lorsqu’on lui en donne la chance. Elle aussi appartient aux heures les plus sombres de notre temps.

Dans l’université et les médias, ils sont nombreux à partager ses analyses avec un vernis pseudo-humaniste : abolissons les frontières, abolissons les nations, abolissons l’Occident, et le monde ira mieux.

Retour au portrait d’ensemble : pour peu qu’on soit lucide, on admettra que cette mauvaise comédie politique n’a qu’un objectif : diaboliser le nationalis­me québécois et laisser croire qu’il a quelque chose à voir avec la xénophobie et le racisme.

Les Québécois ne doivent pas tomber dans ce piège ignoble.

Philippe Couillard cultive la peur en laissant croire que la xénophobie ronge le Québec.

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