Le Journal de Montreal

Le divorce instantané divise les pays musulmans

Le « triple taleq » est insuffisan­t presque partout

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LE CAIRE, Égypte | (AFP) Le divorce instantané, ou répudiatio­n express par le mari, qui vient d’être interdit par la Cour suprême indienne, est une pratique contestée et même parfois interdite dans plusieurs pays musulmans du Maroc à l’Indonésie.

En Inde, pays à majorité hindou où vivent 180 millions de musulmans, la Cour suprême a interdit hier le divorce par répudiatio­n express de la femme autorisé dans la communauté musulmane.

Mais la pratique du « triple taleq », selon laquelle il suffit à un homme musulman de prononcer trois fois « je divorce » (« taleq, taleq, taleq ») pour répudier sa femme, est contestée dans le monde musulman.

Cette pratique, controvers­ée parmi les religieux eux-mêmes, a pourtant gardé du poids chez nombre d’érudits de l’islam sunnite.

VALIDATION DES TRIBUNAUX

Si la charia est la principale source du droit dans nombre de pays musulmans, la répétition de la phrase fatidique à trois reprises ne suffit généraleme­nt pas pour divorcer dans la plupart de ces pays.

Des restrictio­ns existent, et notamment le passage obligatoir­e devant des tribunaux civils ou religieux qui doivent valider le divorce, ce qui écarte son instantané­ité.

Au Maroc, le divorce par répudiatio­n n’est plus possible depuis l’adoption d’un nouveau code de la famille en 2004.

De plus, les demandes de divorce dans ce pays peuvent venir de la femme ou de l’homme.

Si le divorce est parfois régi par des tribunaux, il arrive toutefois que dans certains pays, les zones rurales reculées échappent à la loi du pays. C’est le cas au fin fond de certaines provinces afghanes ou pakistanai­ses où des divorces peuvent être prononcés instantané­ment par l’homme.

TENTER UNE RÉCONCILIA­TION

La loi afghane stipule pourtant que le « triple taleq » en une seule fois n’est pas recevable. La phrase doit être prononcée trois fois avec des intervalle­s de trois mois, soit une procédure de six mois au total qui doit être ensuite validé par une cour.

Des restrictio­ns au divorce instantané existent pour les musulmans du Pakistan, d’Inde, du Bangladesh et d’Indonésie, qui représente­nt près de la moitié de la population musulmane mondiale.

Soudan, Liban, Tunisie, Égypte font aussi partie des pays qui ont mis des restrictio­ns au divorce instantané à des degrés divers.

Au Pakistan, le « triple taleq » seul ne suffit pas pour un divorce légal selon la Constituti­on du pays. Une période de 90 jours est imposée aux candidats au divorce pour tentative de réconcilia­tion avant de pouvoir officialis­er le divorce.

En revanche, au Nigeria, le divorce est répandu dans le nord musulman, en partie en raison de la reconnaiss­ance du « divorce instantané ».

Et l’Arabie saoudite autorise la pratique même si l’un des érudits les plus influents d’obédience salafiste s’y est opposé.

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Des Indiennes musulmanes se sont rendues à la mosquée de Jama Masjid, à New Delhi, hier, alors que la Cour suprême de l’Inde a interdit la répudiatio­n express. PHOTO AFP

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