Deux fois plus d’orages que l’an dernier
Montréal a subi 13 jours orageux en juillet, sans compter les tempêtes du mois d’août comme celles d’hier
Les sols humides gorgés par les pluies abondantes combinés à l’instabilité de l’air seraient les causes de l’activité orageuse très intense vécue depuis le début de l’été.
Les orages qui ont balayé la métropole et le sud du Québec hier ont laissé d’immenses dégâts sur leur passage.
Déjà en juillet, des orages se sont abattus sur la tête des Montréalais durant 13 jours, comparativement à 6,5 en moyenne, selon les statistiques d’Environnement Canada.
Juin a aussi eu le double de journées orageuses comparé à la moyenne de 4,8 jours.
Et les forts orages qui ont déclenché l’état d’urgence à Napierville, en Montérégie, le 4 août, ont laissé des champs inondés pendant des semaines.
Seuls les secteurs de l’est de la province ont été épargnés par les pluies orageuses cet été. Certaines régions, comme le Basdu-Fleuve et la Gaspésie, n’ont pas reçu la moitié des précipitations normales en juin et en juillet.
TORNADES
La moitié de l’été est passée, et cinq tornades se sont déjà produites sur le territoire du Québec, dont la dernière à Saint-Joseph de Beauce, le 5 août.
« Le Québec connaît six tornades par été. On approche de la moyenne », dit Denis Thibodeau, météorologue à Environnement Canada.
Et pour aider à les repérer un peu partout sur le territoire de la province, Environnement Canada a plus de 200 observateurs bénévoles sur le terrain, qui signalent le temps violent dans leurs régions ou qui le confirment lorsque les météorologues les contactent.
« Leurs observations sur la rotation d’une cellule orageuse à Lanaudière nous ont permis de valider un signal radar. On a pu émettre rapidement une alerte », explique Julie Deshais, météorologue responsable du programme des observateurs volontaires.
Quand le réseau des observateurs météo a été fondé, en 1992, les membres étaient surtout des cultivateurs, des gens très proches de la nature. À cette époque, la détection de tornades était plus difficile que de nos jours. Le réseau comptait alors plus de 800 membres. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 232 volontaires, soit trois fois moins.
Mathieu Lussier fait partie du réseau d’Environnement Canada depuis des années. Camionneur dans la trentaine, météorologue dans l’âme, sa fougue l’a amené deux fois dans des « safaris » au coeur du Kansas. Fondateur de l’association Xtrm-Chase Québec, il chasse les supercellulles orageuses susceptibles de générer des tornades.
« Mon véhicule est muni d’un anémomètre pour mesurer le vent, raconte-t-il. Avec mon ordinateur portable et un lien mobile, j’ai accès à toutes les données radar sur internet ».
FAN D’ORAGES
Marc Rémillard, fondateur de la seule autre association de chasseurs de tempête dans la province, Québec Vortex, est fan d’orages depuis qu’il est tout petit.
Aujourd’hui, à 32 ans, le concepteur sonore fait des milliers de kilomètres en voiture avec d’autres chasseurs comme lui pour assouvir sa passion. Il lui arrive même parfois, au printemps, de sauter dans un avion pour aller chasser, au Kansas ou en Oklahoma, lorsque débute la saison des tornades aux États-Unis.
« J’y vais quand je peux. J’ai connu des moments assez stressants. Ici, au Québec, mon patron est compréhensif. Quand une situation de tornade arrive, je peux me libérer de mon travail et me lancer dans une poursuite. »