L’invincible accommodé !
Finalement, les amendements apportés par la ministre Stéphanie Vallée au projet de loi sur la neutralité religieuse de l’État, après des mois d’attente, n’ont en rien changé une réalité implacable.
On a beau vouloir que les services publics soient donnés et reçus à visage découvert, tous les ministères, tous les organismes et toutes les municipalités devront s’incliner devant les demandes d’accommodement en raison de la sainte charte des droits et libertés.
Mais c’est qu’il en a fallu du temps, des efforts, des débats, pour arriver toujours à la même chose !
Depuis la commission Bouchard-Taylor, il y a eu le projet de loi « encadrant les demandes d’accommodement » de Kathleen Weil, déposé en 2010.
Il y a eu la charte des valeurs du Parti québécois, présentée en novembre 2013.
Puis, ce nouveau projet de loi 62, mis de côté après la tuerie de la mosquée de Québec et ramené à l’Assemblée nationale en version amendée.
Même si la législation était adoptée cet automne, on pourra toujours assister, impuissant, à ce type de scène.
À LA SAAQ
Imaginons, par exemple, la dame qui se présente en niqab à son examen de conduite au bureau de la Société de l’assurance automobile du Québec. (La SAAQ a admis que c’est déjà arrivé.)
Fonctionnaire : « Pardon madame, mais, ici au Québec, les services publics se donnent et se reçoivent à visage découvert, pourriez-vous s’il vous plaît, là, retirer ce voile qui vous recouvre le visage pendant que vous faites votre examen ? »
Accommodée : « Je comprends, Chose, mais, en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, je peux bien garder mon accoutrement si je veux, t’sais, en toute liberté d’expression et liberté de religion assumée. »
Et le pauvre bougre n’aura d’autre choix que de se prosterner, en courbant l’échine et en ravalant ses principes froissés.
Pour beaucoup de disciples du multiculturalisme aveugle, non seulement le sketch ne pose aucun problème, mais il suscite même une émotion de joie béate. « Ô bonheur ! » « Vivre et laisser vivre ! »
Mais bien des citoyens ressentent un malaise tout à fait compréhensible.
OUI ÇA EXISTE
Lorsqu’il a été question du port du burkini dans les piscines publiques, le premier réflexe a été de dire que ça n’existe pas chez nous.
Pourtant, cet été, à Valcartier, à Saint-Sauveur, des femmes se baignaient carrément couvertes de la tête aux pieds !
Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable, le phénomène des accommodements prendra de l’ampleur.
Oui, il faut bien qu’une première étape finisse par être franchie.
Il subsiste toutefois la désagréable sensation que la loi ne permettra pas de concrétiser l’idée générale que se font les Québécois de la laïcité et du respect de l’égalité homme-femme.
Le gouvernement Couillard adoptera ce qui ressemble à une déclaration de principes… qui reconnaîtra d’emblée le droit à l’accommodement.
Où est le véritable changement ?