Enclos à cervidés
Peu de gens savent qu’il y a plusieurs parcs privés qui abritent des chevreuils au Québec.
Ces enclos sont gérés par des propriétaires des terrains agricoles ou forestiers titulaires d’un permis spécial d’exploitation pour une ferme cynégétique pour chevreuils émis par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. En 1999, le MFFP avait délivré 32 permis à des fins commerciales. En 2016, il en restait seulement 13 en activité.
J’ai récemment visité un de ces endroits dans la région de Lotbinière, près de Québec, qui fêtait son 40e anniversaire d’existence. Son propriétaire, André Lyonnais, exploite une ferme laitière datant de quelques générations. Il a commencé cette belle aventure à l’époque avec seulement trois cervidés achetés d’un autre enclos situé à St-Élizabeth de Warwick. Il a installé ses nouveaux locataires, un mâle et deux femelles, dans un petit boisé sur ses terres. Monsieur Lyonnais a toujours été passionné par ces animaux majestueux.
DE NOS JOURS
On dénombre actuellement plus de 40 chevreuils en captivité sur cette ferme, dont six sont des mâles. Il est important de limiter le nombre de reproducteurs dominants afin de diminuer les confrontations parfois mortelles entre ces derniers, et ce, même en enclos. Afin d’éviter la consanguinité (reproduction sexuée entre deux bêtes apparentées), monsieur Lyonnais doit changer tous ses mâles chaque deux ans. Pour y arriver, il permet à des chasseurs avides de prélever un cerf bien couronné ou il les échange avec d’autres gestionnaires comme lui. Certains restaurateurs s’approvisionnent aussi chaque année de cette succulente venaison pour la servir à leur clientèle. Il est primordial de garder un certain contrôle pour que le cheptel demeure en santé.
L’enclos s’étend sur une superficie de 35 acres composée de forêt et de pâturage. Une clôture de quatre mètres de hauteur ceinture le tout.
RÈGLES DE BASE
Les propriétaires de ces enclos doivent se conformer à plusieurs règlements. Par exemple, tous les chevreuils doivent être tatoués et étiquetés lorsqu’ils sont âgés d’un an et plus. Les titulaires de permis n’ont pas le droit d’élever des bêtes sauvages et ils ne peuvent relâcher en nature des cerfs de Virginie provenant de l’élevage. Le site voué à accueillir les spécimens doit être boisé sur au moins 80 % de sa surface. À des fins administratives, l’éleveur doit produire un rapport annuel sur le nombre qu’il garde en captivité, nés, morts, échappés et repris dans l’année et la quantité abattue par le titulaire, tiers ou autre.
Le responsable et ses acolytes ont l’obligation de fournir l’eau et la nourriture de qualité en quantité suffisante aux animaux. Il doit aussi les garder dans un endroit salubre et veiller à leur santé.
Un agent du gouvernement provincial visite régulièrement tous les enclos de la province pour en contrôler le nombre autorisé et pour s’assurer de la santé des cheptels en captivité afin de limiter les maladies occasionnées par une surpopulation.
Monsieur Lyonnais inspecte régulièrement son enclos afin de repérer les dommages potentiels qui pourraient survenir après la chute d’arbres ou de grosses branches. Il doit aussi vérifier que les prédateurs comme les coyotes et les chiens errants n’ont pas creusé de trou sous la clôture pour s’y introduire.
Même si les cerfs ont un terrain assez vaste pour se cacher et s’alimenter, monsieur Lyonnais doit les nourrir hebdomadairement avec de la moulée préparée exclusivement pour ces animaux afin de combler d’éventuelles carences.
Chaque automne, il fait prélever une dizaine de cerfs, autant mâles que femelles, par des personnes intéressées par leur bonne chair. Le coût d’une reproductrice est évidemment bien moindre que celui d’un beau buck arborant un gros panache.
La clientèle est composée de gens qui manquent de temps ou qui n’ont pas déjoué les bêtes souhaitées. Les chasseurs intéressés doivent communiquer à l’avance pour réserver leur cerf de Virginie. Pour en savoir plus, composez le 819 287-5946.