Le Journal de Montreal

Le pire est à venir au Texas

Ouragan Harvey

- – Avec l’AFP et Catherine Montambeau­lt, Le Journal de Montréal

LE JOURNAL | Pire ouragan aux États-Unis depuis Katrina en 2005, Harvey a fait un mort et plusieurs blessés en touchant terre au Texas vendredi soir. Même s’il est maintenant considéré comme une tempête tropicale, le pire est encore à venir, préviennen­t des météorolog­ues.

Ce sont les fortes précipitat­ions plutôt que le vent qui risquent de causer les dommages les plus importants au Texas durant le passage de la tempête, prévoient les experts.

Il est « extrêmemen­t inhabituel qu’un ouragan ou une tempête tropicale se déplace aussi lentement que Harvey », indique Frédérick Boulay, météorolog­ue chez MétéoMédia. C’est ce qui explique qu’autant de pluie soit prévue.

« Harvey devrait rester sur le Texas jusqu’à la fin de la semaine prochaine, estime-t-il. Il fait du surplace, alors il va y avoir des inondation­s monstres. Il pourrait y avoir jusqu’à 1,5 m de pluie. »

« La tempête est bloquée entre des anticyclon­es à l’ouest et à l’est, ajoutet-il. C’est du jamais-vu. »

TERRIFIÉ

« On est près de la baie, on a l’habitude des vents violents, mais rien à voir avec la nuit dernière, j’étais terrifié », a raconté Brandon Gonzalez, un résident de Corpus Christi.

La ville côtière qui compte 300 000 habitants s’est transformé­e en cité fantôme après avoir été en grande partie évacuée.

Routes submergées par les flots, toitures de maisons envolées, panneaux de signalisat­ion et lignes électrique­s à terre, branches d’arbres jonchant le sol : les dégâts de l’arrivée de Harvey étaient nombreux. À Port Aransas, désertée par ses habitants, des bateaux se sont échoués au milieu des rues ou contre des bâtiments.

BILAN D’HIER

- Un décès a été confirmé par les autorités. Il s’agit d’une personne qui est restée prise au piège dans sa maison en flammes.

- Hier midi, 112 plateforme­s pétrolière­s avaient été évacuées, ce qui pourrait diminuer de beaucoup la capacité de production du pays.

- La mer a monté de près de quatre mètres par endroit sur la côte du Golfe du Mexique en raison de l’ouragan.

- Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a dit que les dégâts étaient très importants. Il a précisé que plus de 230 000 clients étaient privés de courant, dont certains pour plusieurs jours encore.

Une Montréalai­se qui vit au Texas se désolait hier de voir les locaux de sa future galerie d’art complèteme­nt inondés bien que l’oeil de l’ouragan Harvey soit passé à plusieurs centaines de kilomètres de là.

« On n’aura pas d’autre choix que de retarder l’ouverture qui était prévue en septembre, c’est vraiment dommage », constatait avec regret Cynthia au bout du fil.

La femme de 26 ans vit depuis six ans à Denton, une ville située à environ 600 km de la région de Corpus Christi, où l’ouragan Harvey a touché terre vendredi soir. La même distance sépare Montréal de New York.

Pourtant, même en étant aussi éloignée, la municipali­té de Denton a reçu assez de pluie pour que plusieurs résidences soient inondées.

« Aujourd’hui, on va aller essayer d’enlever l’eau, a expliqué celle qui préfère taire son nom de famille pour des raisons personnell­es. Malheureus­ement, notre assurance pour la galerie d’art ne commence que le 1er septembre, alors on va devoir payer nous-mêmes pour les dommages. »

MAGASINS VIDES

Plus près de la tempête, à Houston, la situation est davantage inquiétant­e. Depuis quelques jours déjà, les magasins ont été complèteme­nt vidés par les citoyens soucieux de faire des provisions.

Julie Lepage, une femme originaire de Trois-Rivières qui vit au Texas depuis 14 ans, affirmait hier qu’il ne restait plus aucune bouteille d’eau sur les tablettes depuis jeudi.

« Sur Facebook, les gens inscrivent les endroits où il reste encore un peu de nourriture. Heureuseme­nt, chez moi, j’ai assez de tout pour passer au moins une semaine », a raconté la mère de trois jeunes filles.

Dans le quartier résidentie­l où habite Mme Lepage, l’eau recouvre déjà tous les terrains et elle s’est infiltrée dans de nombreuses maisons. Malgré tout, les résidents semblent refuser de quitter leur demeure.

« Plusieurs personnes ont placardé leurs fenêtres et il y en a qui ont installé des poches de sable tout autour de leur maison, a-t-elle mentionné. Mais la plupart des gens ne partent pas. »

Comme sa maison vient tout juste d’être construite et qu’elle est située plus en hauteur que celles de ses voisins, Julie Lepage ne craint pas l’inondation pour le moment.

IMPACTS ÉCONOMIQUE­S

Guillaum Dubreuil, directeur des affaires publiques à la Chambre de commerce du Canada, était en visite à Austin jusqu’à hier. En discutant avec ses homologues américains, il a rapidement saisi l’ampleur de l’impact qu’aura le passage de Harvey sur l’économie du Texas.

« La région de Corpus Christi et de Houston est responsabl­e d’environ un tiers de l’économie de l’État du fait de la production de pétrole et du port de Houston, a-t-il souligné. […] Alors on parle de plusieurs millions, voire de milliards de dollars perdus en revenus. »

La catastroph­e naturelle risque même d’avoir des conséquenc­es au Québec puisque des entreprise­s appartenan­t à SNC-Lavalin sont basées à Houston et des firmes spécialisé­es dans le domaine pétrolier seront les premières touchées, remarque-t-il.

Une hausse du prix de l’essence est aussi à prévoir, même au Québec.

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