Tirs sur des civils birmans terrifiés fuyant les combats
COX’S BAZAR | (AFP) Les forces de sécurité birmanes ont ouvert le feu hier sur des civils terrifiés qui fuyaient vers le Bangladesh à la suite de violences ayant fait des dizaines de morts dans l’ouest de la Birmanie, selon un journaliste et un responsable des gardes-frontières.
Depuis vendredi, les affrontements entre forces de l’ordre et rebelles de la minorité musulmane des Rohingyas ont fait au moins 92 morts, dont 12 membres des forces de sécurité, d’après la police.
Les violences se déroulent dans l’État de Rakhine, secoué depuis plusieurs années par de fortes tensions entre les Rohingyas et les bouddhistes.
COINCÉS
Les civils ont fui vers la frontière avec le Bangladesh, mais les autorités de ce pays ont refusé de les laisser entrer et des milliers de personnes, des femmes et des enfants en majorité, se sont retrouvées coincées.
Hier après-midi, l’armée birmane déployée sur des collines a tiré au mortier et à la mitrailleuse sur un large groupe de Rohingyas qui tentaient de franchir la frontière. Le correspondant de l’AFP a vu des civils courir pour se mettre à l’abri au moment où les soldats ouvraient le feu près du poste-frontière de Ghumdhum.
Il n’était pas possible, dans un premier temps, de savoir s’il y avait eu des victimes.
« Ils ont tiré sur les civils, pour la plupart des femmes et des enfants, qui étaient cachés dans les collines près de la frontière », a déclaré un responsable local des gardes-frontières bangladeshis, Manzurul Hassan.
TRAVERSÉE À LA NAGE
Le journaliste de l’AFP avait vu plus tôt des centaines de civils traverser la frontière poreuse hier en début de journée, les patrouilles étant moins sévères en raison des fortes pluies. Certains sont même passés à la nage par la Naf, une rivière frontalière.
Considérés comme des étrangers au sein de la Birmanie, à plus de 90 % bouddhiste, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent dans ce pays depuis des générations.
Ils n’ont pas accès au marché du travail, aux écoles, aux hôpitaux et la montée du nationalisme bouddhiste ces dernières années a attisé l’hostilité à leur encontre.
Mais les arrivées de Rohingyas ne sont guère vues d’un bon oeil par le Bangladesh, nation en majorité musulmane qui a déjà accueilli des dizaines de milliers de réfugiés de cette minorité.
Le ministère bangladeshi des Affaires étrangères a convoqué hier le chargé d’affaires birman pour exprimer sa « vive inquiétude » face à la possibilité d’un large afflux de Rohingyas à la suite des dernières violences.