Keenan prend le contrôle total à Kunlun
Certains croient que Mike Keenan n’est plus « Iron Mike » et que son nouvel emploi dans la KHL est seulement un préambule à la retraite ainsi qu’un moyen rapide de faire de l’argent dans un lieu exotique. Or, ils ont terriblement tort. Ayant la mission d’amener le Red Star de Kunlun, l’équipe chinoise de la KHL, vers un statut d’aspirant aux grands honneurs à sa deuxième année d’existence, Keenan est très impliqué.
Kunlun est le visage montré au public par la Chine, qui consacre beaucoup d’efforts à construire une équipe nationale crédible d’ici les Jeux olympiques d’hiver de 2022 prévus à Pékin. Financée par l’oligarque russe Gennady Timchenko (qui finance également l’éternelle puissance de la KHL, le SKA de Saint-Pétersbourg et l’autre formation de la ligue ne provenant pas du bloc de l’Est, le Jokerit de Helsinki) et le gouvernement chinois, l’organisation de Kunlun s’est transformée cette année en gigantesque usine de hockey. Il y a le club-école, soit le Red Star de Heilongjiang, ainsi que le Red Star junior — formation affiliée de niveau junior — et l’équipe s’étant récemment jointe à la Ligue de hockey féminin canadienne, celle-ci étant déjà prête à voler des joueuses américaines.
JOUEURS ÉTRANGERS
Pendant que la Chine espère que toute cette activité bien financée mènera à des performances respectables de ses deux équipes nationales en 2022 (possiblement que Keenan sera à la barre de la formation masculine), le club actuel de Kunlun est surtout formé de joueurs nord-américains et européens. L’objectif est de miser sur une concession de la KHL solide et populaire pour promouvoir le sport. Évidemment, Keenan est responsable des dossiers importants. Et il n’accepte pas de maillons faibles.
Cela est devenu évident la semaine dernière quand Kunlun, avant même son match inaugural de la campagne, a annoncé le congédiement du directeur général russe Vladimir Krechin. Cette décision, comme tous le croyaient déjà, a été prise par Keenan, qui, pour l’instant du moins, assume un double rôle.
Le départ de Krechin a été officiellement justifié par des mots plutôt durs, soit « pour de sérieuses erreurs professionnelles », ce qui laisse supposer une relation toxique. Mais en réalité, c’est l’onéreuse embauche de l’attaquant suédois de 30 ans Richard Gynge qui a créé le fossé entre le DG et l’entraîneur.
La signature de contrat était d’ailleurs typique de Krechin ; avec le Traktor de Tcheliabinsk, il était reconnu pour sacrifier le futur de l’équipe et préférait bâtir des équipes dans le but de connaître du succès à court terme. Toutefois, dans ce cas-ci, Keenan n’a pas apprécié la décision, étant peu impressionné par le jeu et l’éthique de travail de Gynge. Au terme du tournoi présaison, Keenan a insisté pour que Grynge soit libéré et Krechin a été limogé immédiatement après.
L’UNIQUE DÉCIDEUR
Cela laisse donc Keenan dans la même situation qu’il a appréciée avec les Blues de St. Louis et les Panthers de la Floride. Il est le seul décideur et a le contrôle complet des opérations hockey du club. Évidemment, le mot « appréciée » n’est pas nécessairement approprié ici, car aucune de ces expériences précédentes n’a été synonyme de succès. Il a savouré son plus grand triomphe en KHL avec le Metallurg de Magnitogorsk, lorsqu’il se trouvait dans la structure d’une organisation puissante bien en place. Il était d’ailleurs uniquement responsable des performances sur la glace. Seul le temps dira si sa troisième tentative d’accès au sommet de la montagne sera couronnée de succès.
Pour ce qui est de Kunlun, le club a amorcé la saison avec une fiche de 1-1. Il a gagné à l’étranger (à Sotchi) grâce aux buts des vétérans de la LNH Kyle Chipchura et Brandon Yip. Toutefois, la défaite à Kazan a été accompagnée d’une suspension de deux parties imposée à Yip, qui a asséné un coup de genou à un rival.
VISITE PRÉSIDENTIELLE
Aux États-Unis, les champions de la Coupe Stanley reçoivent une invitation de la Maison-Blanche. Quelques joueurs la refusent, pour des motifs personnels ou politiques, mais c’est toujours un événement festif qui se passe dans une atmosphère légère. Mais ce n’est pas la même chose au Bélarus. Après que le Dinamo de Minsk eut perdu ses deux premiers matchs à domicile de la saison — incluant un cuisant revers de 6-1 aux mains du Jokerit —, l’équipe au complet a été convoquée à une rencontre avec le dirigeant principal du pays, le dictateur Alexander Lukashenko. Il n’y avait pas de fête et d’ambiance détendue, et évidemment, le refus d’y participer n’était pas une option. Lukashenko, un féroce partisan et amateur de hockey, est reconnu pour garder un oeil sur le hockey au Bélarus et il s’organise pour exprimer ses opinions. Il a déjà menacé d’emprisonner la formation nationale entière à cause des faibles aptitudes professionnelles des entraîneurs locaux et a qualifié le jeu médiocre du Dinamo de « profanation de l’âme de chaque Bélarusse ».
Cette fois, les commentaires de Lukashenko étaient plutôt doux, comparativement à autrefois. Il a mentionné que le jeu du Dinamo était « sans lustre », tout en souhaitant voir ses membres « faire une évaluation d’euxmêmes ». Il leur a rappelé les conditions qu’ils doivent respecter à Minsk. Certains pensent que si la disette du Dinamo se poursuit, le prochain sommet présidentiel sera plus tendu.