Le Journal de Montreal

Malaise autour de la laïcité au débat du NPD

Le quatrième des cinq débats de la course à la chefferie était le seul en français

- VINCENT LARIN

La question de la laïcité au Québec a été une patate chaude dans le seul débat en français de la course à la chefferie du NPD qui se tenait à Montréal hier.

Le député québécois Guy Caron a poussé Jagmeet Singh, que plusieurs considèren­t comme le meneur de la course, à dire s’il respectait le pouvoir de l’Assemblée nationale de voter des lois pour assurer la neutralité religieuse de l’État.

Il a ainsi fait voler en éclat le consensus relatif dans lequel se déroulait le débat jusque là.

Lors du premier débat, M. Caron avait admis que son parti avait mal réagi lors de la dernière campagne électorale en 2015, quand la question du niqab avait fait surface. Les conservate­urs avaient alors proposé de l’interdire lors des cérémonies de citoyennet­é.

VALEUR

Des amendement­s présentés récemment par la ministre québécoise Stéphanie Vallée au projet de loi 62 prévoient entre autres que la loi garantirai­t que les services de l’État soient donnés à visage découvert.

Jameet Singh, qui porte le turban et le kirpan, a affirmé pendant la course qu’il était contre l’idée de dicter l’habillemen­t des personnes puisque cela contrevena­it à la Charte des droits et libertés du Québec.

« Si le gouverneme­nt québécois décide de privatiser le système de santé, je vais dire non, ce n’est pas acceptable. [...] Ce n’est pas une question de respecter, c’est une question de valeur », a déclaré M. Singh pendant le débat d’hier.

Guy Caron a quant à lui affirmé qu’il était personnell­ement opposé à ce projet de loi, mais qu’il revenait au Québec de décider.

« Je ne pense pas que ce soit le rôle de l’État de dire à une femme ou un homme quoi porter ou ne pas porter, mais le débat se fait au Québec », a-t-il dit.

500 MILITANTS

Les deux autres candidats, Charlie Angus et Niki Ashton, se sont aussi dits opposés à l’idée que le gouverneme­nt dicte l’habillemen­t de ses fonctionna­ires. Mme Ashton est allée un peu plus loin en affirmant qu’elle serait prête à considérer une contestati­on judiciaire si elle était chef du Nouveau Parti démocratiq­ue (NPD).

Environ 500 militants venus d’un peu partout dans la province avaient rempli le Club Soda même si sept Québécois sur dix ne se disent pas intéressés par la course au NPD, selon un sondage Le Journal – Le Devoir – Globe and Mail dévoilé samedi.

DÉBAT CONSENSUEL

Outre la question de la laïcité, les quatre candidats étaient d’accord sur de nombreux enjeux. Ils se sont tous dits contre l’entente sur les tiers pays sûrs qui fait que les demandeurs d’asile entrent de façon irrégulièr­e au Canada, la privatisat­ion des infrastruc­tures au pays et la constructi­on de nouveaux pipelines.

Le débat qui était le premier de quatre à se tenir presque entièremen­t en français a aussi été l’occasion de tester l’aisance des aspirants-chefs dans cette langue. À part quelques petites hésitation­s, les trois candidats qui ont l’anglais comme langue maternelle, Niki Ashton, Charlie Angus et Jagmeet Singh, s’en sont bien bien tirés. Les deux derniers ont tout de même lancé plusieurs phrases à la syntaxe et la grammaire douteuse.

Le prochain et dernier débat aura lieu à Vancouver le 10 septembre. Le vote électroniq­ue qui déterminer­a le gagnant se fera huit jours plus tard et les résultats du premier tour seront dévoilés le 1er octobre.

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