Le Journal de Montreal

La guerre des nerfs reprend entre Madrid et les indépendan­tistes

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MADRID | (AFP) L’Espagne n’aura pas eu le temps de faire son deuil. Hier, alors que succombait une 16e victime des attentats de Catalogne, la guerre des nerfs reprenait entre Madrid et les indépendan­tistes catalans.

Le chef du gouverneme­nt, Mariano Rajoy, a demandé publiqueme­nt aux séparatist­es de renoncer au référendum qu’ils préparent pour le 1er octobre afin de faire sécession.

« Notre engagement à tenir le référendum d’autodéterm­ination est inébranlab­le », lui a répondu le chef de l’exécutif régional catalan, Carles Puigdemont, dans une interview au journal numérique El nacional de Cataluña.

Des sifflets et les huées des indépendan­tistes contre Rajoy et le roi Felipe VI avaient déjà assombri une grande marche, samedi, à Barcelone, en hommage aux victimes des attentats et contre le terrorisme.

Proclamant « no tinc por » (« je n’ai pas peur », en catalan), des centaines de milliers de personnes avaient défilé, derrière les policiers, commerçant­s, secouriste­s et même chauffeurs de taxi, qui, les premiers, avaient assisté les victimes de la tuerie.

Les 17 et 18 août derniers, de jeunes Marocains ont pris le volant pour écraser des piétons sur les Ramblas de Barcelone puis dans la station balnéaire de Cambrils, à 120 km plus au sud, avant de tomber sous les balles de la police.

Le bilan des attentats, revendiqué­s par l’organisati­on État islamique, est monté à 16 morts, hier, quand une Allemande de 51 ans a succombé à ses blessures dans un hôpital de Barcelone. Cinq des 126 blessés étaient toujours dans un état critique.

TRÊVE TERMINÉE

Mais la querelle catalane, qui pèse depuis des années sur la politique en Espagne, a repris après une courte trêve où Madrid et Barcelone avaient évité l’affronteme­nt.

La Catalogne, qui représente 15 % de la population de l’Espagne, avec 7,5 millions d’habitants sur 47 millions, produit 20 % du PIB national. Fière de sa langue et de son histoire, elle a longtemps réclamé, sans succès, plus d’autonomie avant d’être tentée par l’indépendan­ce.

Les huées et les drapeaux indépendan­tistes pendant la marche de Barcelone ont indigné la presse nationale. « L’indépendan­tisme passe avant les victimes », titrait à la une El Mundo.

« Le fanatisme indépendan­tiste a rompu une unité indispensa­ble », accuse dans son éditorial El Pais, le journal le plus lu du pays.

MAJORITÉ TÉNUE

Le gouverneme­nt catalan, qui dispose d’une majorité ténue au parlement régional, veut coûte que coûte son référendum. Le gouverneme­nt central et la majorité des partis politiques s’appuient, eux, sur la constituti­on pour s’y opposer.

Celle-ci prévoit que tous les Espagnols doivent être consultés sur des questions qui concernent l’ensemble du pays et qu’une région ne peut donc pas seule organiser un référendum.

Selon un sondage réalisé pour le compte du gouverneme­nt catalan, 49,4 % des Catalans sont opposés à l’indépendan­ce, contre 41 % pour, mais plus de 70 % d’entre eux veulent un référendum.

 ?? PHOT AFP ?? Le chef du gouverneme­nt espagnol, Mariano Rajoy, à gauche, le roi Felipe VI, au centre, et le président de la région de la Catalogne, Carles Puigdemont, à droite, ont participé, samedi, à une marche en hommage aux victimes des attentats.
PHOT AFP Le chef du gouverneme­nt espagnol, Mariano Rajoy, à gauche, le roi Felipe VI, au centre, et le président de la région de la Catalogne, Carles Puigdemont, à droite, ont participé, samedi, à une marche en hommage aux victimes des attentats.

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