Le Journal de Montreal

Les Américains exigent 70 % de contenu local

- PHILIPPE ORFALI

LA POCATIÈRE | Pendant que les États-Unis font grimper à 70 % la part de leurs projets majeurs d’infrastruc­ture devant être réalisés par des entreprise­s américaine­s, le Québec fait exactement l’inverse.

L’Agence métropolit­aine de transport (AMT) a réduit son quota canadien de 25 % à 15 % récemment, et celui du train de la Caisse sera de... zéro.

La terre a tremblé à La Pocatière quand la Caisse de dépôt et placement a annoncé que le Réseau électrique métropolit­ain (REM) pourrait être réalisé en totalité par des entreprise­s étrangères.

Car c’est une bonne partie de l’économie de la région qui pourrait y passer. Ici, 1 travailleu­r sur 10 est chez Bombardier ou ses fournisseu­rs.

Bombardier est dans la course pour construire le REM. Mais le contrat pourrait lui échapper, encore, si des entreprise­s de Chine ou d’ailleurs offrent un produit semblable à moindre coût.

REVERS HUMILIANT

C’est ce qui est arrivé en mai avec l’AMT, qui a commandé 24 nouvelles voitures de train à la China Railway Rolling Stock Corp. (CRRC) plutôt qu’à Bombardier, après avoir réduit à seulement 15 % le contenu canadien requis.

Bombardier avait pourtant construit les voitures de train précédente­s et remporté un premier appel d’offres. Plusieurs employés ont été mis à pied. Le scénario pourrait se reproduire avec le REM.

« C’est sûr qu’il va y avoir des effets. Des pertes d’emploi, du chômage. C’est toute la vitalité économique qui est en jeu! » s’exclame Luc Forgues, de la Chambre de commerce de Kamouraska-L’Islet.

L’EXEMPLE DU JAPON

Créateur de l’habillage extérieur du nouveau métro, Bruno Morin, de Graphie 222, est lui aussi furieux. « Au Japon, tous les contrats d’infrastruc­ture vont à des entreprise­s japonaises. Ils s’en servent pour développer leurs technologi­es, leur marché intérieur. Nous autres, on est tellement gentils qu’on laisse les autres venir pour une question de quelques millions. On a la capacité de le faire, le travail. »

Les retombées économique­s d’un tel contrat se chiffrent en milliards, rappelle-t-il.

CDPQ Infra n’a pas l’intention de changer d’avis. Il faut « favoriser une concurrenc­e maximale » et obtenir le « meilleur prix », dit le porte-parole du REM, Jean-Vincent Lacroix.

« Il n’en demeure pas moins qu’à la suite de l’appel de qualificat­ion, chaque consortium inclut des entreprise­s ou des filiales québécoise­s ou canadienne­s. Des entreprise­s d’ici feront partie du consortium gagnant. »

Des entreprise­s étrangères emploient donc le même stratagème que Bombardier, qui s’est installée à Plattsburg­h pour remporter certains contrats « Buy American ».

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