Le Journal de Montreal

McGregor mérite le respect

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LAS VEGAS | Le T-Mobile s’est vidé lentement. Les gens restaient pour savourer leur soirée. Pour plusieurs, ça s’annonçait comme une bouffonner­ie. D’ailleurs, tant Floyd Mayweather que Conor McGregor avaient tout fait pour qu’on le pense.

Ce fut un vrai combat. Même qu’après les trois premiers rounds, on se demandait ce qui se passait avec Mayweather. Il ne frappait pas, se contentait d’éviter les coups et se retrouvait dans de nombreux accrochage­s.

Les impatients avaient oublié que Mayweather n’est pas un artiste du knock-out. C’est un boxeur patient, doté d’une défensive étanche et supérieure­ment habile. Il a été fidèle à son style et a étudié McGregor pendant ces trois rondes. En plus, il s’assurait que ses acheteurs du combat auraient de quoi se mettre sous la dent.

LE RESPECT

Quand même, les gens étaient surpris de voir le sens de boxe de McGregor. Et ils étaient impression­nés par sa stature très costaude.

Puis, Mayweather s’est mis au travail. Un travail de sape. Pendant trois ou quatre rounds, il a forcé McGregor à dépenser beaucoup d’énergie.

Le champion UFC n’avait jamais combattu plus de 25 minutes dans sa carrière. À partir du neuvième round, il entrait dans une forêt inconnue. Il ne s’était jamais battu aussi longtemps. Et effectivem­ent, McGregor a commencé à montrer des signes d’épuisement évident.

Quand même, il était encore debout quand l’arbitre a arrêté le combat. Après avoir repris un peu de force, il a longuement répondu aux questions de la télévision et a affiché la même gouaille que d’habitude.

Le gars était assisté social il y a six ans. Samedi, il a gagné au moins 100 millions.

LA FORCE DE LA PROMOTION

C’est Adolf Hitler qui a déclenché la Deuxième Guerre mondiale. C’est lui qui était le führer. Personne ne va le contester. Mais c’est quand même le docteur Joseph Goebbels qui a rendu possible cette foudroyant­e ascension en inventant littéralem­ent le marketing et la promotion modernes.

Tout un peuple a suivi leur folie. Ou presque.

C’est Floyd Mayweather et Conor McGregor qui ont été les acteurs du show de samedi à Las Vegas. Mais c’est Showtime, MGM, UFC et les spécialist­es de Mayweather Promotions qui ont rendu possible ce cirque fou.

Showtime a joué sur toutes ses plateforme­s sur les réseaux sociaux pour faire démarrer la vague. Les médias traditionn­els ont été obligés de suivre quand le cirque s’est déplacé à Toronto, New York et Londres pour faire gonfler la balloune. Au cours des derniers jours à Las Vegas, la seule question qui semblait intéresser les gens était facile à deviner : « Allez-vous suivre le combat ? »

Heureuseme­nt, McGregor a su montrer qu’il était un vrai batailleur. Certaineme­nt pas un grand boxeur, mais j’aurais dû respecter davantage cet instinct de guerrier que possède un champion du monde UFC. Et Mayweather a su diriger le combat pour que tout le monde soit content.

McGregor a sauvé l’honneur et Mayweather a cimenté le socle de sa future statue. Tout le monde est content.

Surtout les banquiers.

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PHOTO AFP Floyd Mayweather a été surpris par la déterminat­ion et la fougue de Conor McGregor.

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