Un infirmier allemand aurait tué au moins 90 patients
BERLIN | (AFP) Au moins 90 patients tués, peut-être même deux fois plus : la police allemande a dressé hier le bilan de 12 années d’enquête sur un infirmier, Niels Högel, tueur prolifique et « exceptionnel » dans les annales de l’histoire nationale contemporaine.
Après « 134 exhumations, et plusieurs centaines de témoignages, on peut prouver au moins 90 meurtres et il y en a au moins autant qu’on ne peut pas prouver », a asséné devant la presse le chef de l’enquête, Arne Schmidt.
« Ce nombre est exceptionnel, unique, dans l’histoire de la République fédérale » d’Allemagne, a-t-il ajouté, annonçant que la commission d’enquête spéciale « Kardio » responsable du dossier avait désormais achevé son travail.
« Ce que nous avons pu apprendre est effrayant, cela dépasse tout ce que l’on aurait pu imaginer », a renchéri Johann Kühme, chef de la police d’Oldenbourg.
PAR SURDOSE
Niels Högel a généralement tué des patients à l’aide de surdoses médicamenteuses injectées lorsqu’ils étaient en réanimation. Il n’avait pas de « préférences » d’âge ou de sexe pour ses victimes sinon qu’il « préférait les patients se trouvant dans un état très critique », a indiqué M. Schmidt.
L’infirmier avait déjà été condamné, en 2015, à la perpétuité pour deux meurtres et quatre tentatives s’étant soldées par la mort des patients. À ces six affaires, les enquêteurs ont indiqué hier avoir ajouté 84 nouveaux cas, portant donc à 90 le total des décès imputés à M. Högel, aujourd’hui âgé de 41 ans.
En juin 2016, lors d’un précédent bilan, les enquêteurs avaient établi la responsabilité du soignant dans 33 décès.
DYSFONCTIONNEMENTS
L’enquête avait été relancée en janvier 2014, car l’intéressé avait admis auprès d’un codétenu une cinquantaine d’homicides. Par la suite, il dira à un expert psychiatre avoir commis une trentaine de meurtres et une soixantaine de tentatives.
L’affaire avait éclaté à l’origine en 2005, lorsque l’infirmier avait été surpris par une collègue en train de faire une piqûre non prescrite à un patient dans la clinique de Delmenhorst, ce qui lui avait valu, en 2008, sa première condamnation pour tentative de meurtre.