Le Journal de Montreal

New York dit non à Bombardier

La multiplica­tion des retards et les dépassemen­ts de coûts lui coûtent cher

- PHILIPPE ORFALI

La multiplica­tion des retards et des dépassemen­ts de coûts chez Bombardier vient de lui coûter un autre contrat majeur, a appris Le Journal. Le fabricant de trains québécois est expulsé d’un appel d’offres de la Metropolit­an Transporta­tion Authority (MTA) de New York, évalué à 3,2 milliards de dollars US.

La MTA a décidé d’exclure Bombardier du processus d’appel d’offres pour la constructi­on de 1175 à 1700 voitures de train R-211 pour son métro, révèle une note interne obtenue par Le Journal.

Benoît Brossoit, le nouveau président de Bombardier Transport pour les Amériques, ne passe pas par quatre chemins dans ce message acheminé à tout le personnel de l’entreprise. « Notre mauvaise performanc­e et les retards importants [...] sur le projet des voitures R-179 ont scellé le sort de notre offre. Nos actions ont exacerbé un environnem­ent de mobilité déjà difficile dans la ville de New York, et la décision de notre client démontre que le marché n’est plus disposé à accepter des retards dans la performanc­e et à subir l’impact de nos manquement­s », écrit-il.

24 MOIS DE RETARD

Bombardier accuse en effet près de 24 mois de retard dans la constructi­on de 300 voitures R-179, pour un autre segment du métro new-yorkais.

La flotte actuelle du métro de New York est tellement vieille et sujette aux pannes que la MTA a dû présenter en juin un plan en six points visant à moderniser le réseau. Ce plan spécifie que Bombardier devra accélérer la cadence de fabricatio­n des voitures R-179.

DEPUIS 35 ANS

La décision de New York, de ne pas considérer l’offre de Bombardier, est significat­ive, puisque la compagnie et la MTA entretienn­ent une relation d’affaires depuis près de 35 ans.

À ce jour, pas moins de 1900 voitures du métro de New York ont été construite­s par Bombardier, sans compter les 300 R-279 qui devaient être livrées à partir de 2015, mais qui n’ont toujours pas été reçues par la société de transport new-yorkaise.

RÉTABLIR SA CRÉDIBILIT­É

« Cet avertissem­ent est un sérieux coup de semonce et nous devons y répondre en respectant nos promesses de livraison, en temps et sans excuses », insiste M. Brossoit dans sa note. « Il est primordial pour nous de rétablir notre crédibilit­é en tant que chef de file. » Bombardier n’a pas l’intention, pour l’instant, de procéder à des mises à pied à la suite de cette décision.

L’entreprise a confirmé les informatio­ns du Journal, se disant « extrêmemen­t déçue ». Elle rappelle toutefois qu’elle a remporté des contrats d’envergure cette année, « en Europe et en Malaisie, parmi des clients existants qui ont confiance en [ses] produits et services ».

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PHOTO COURTOISIE, MTA La Metropolit­an Transporta­tion Authority (MTA) de New York souhaite investir 3,2 milliards de dollars US pour remplacer ses wagons de métro.

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