Enseigner le codage sans robot ni logiciel
SURREY | Quand Scott Smith se rend dans des écoles, en banlieue de Vancouver, pour donner des ateliers sur la programmation informatique, il demande d’abord aux élèves d’énumérer toutes les étapes à franchir pour en arriver à… se brosser les dents.
L’objectif : déconstruire le brossage de dents en plusieurs étapes, comme si on devait programmer un robot pour le faire. Il faut déterminer quelle quantité de dentifrice utiliser, la pression que la brosse doit mettre sur les dents, les déplacements et la durée.
« C’est vraiment plus compliqué que ça en a l’air », lance l’enseignant en riant. Pour apprendre à coder, un élève doit d’abord maîtriser les concepts qui y sont rattachés, comme la déconstruction, qui fait partie de la « pensée informatique ».
En Colombie-Britannique, l’apprentissage du codage est un outil utilisé pour développer des compétences qui s’articulent autour de la « pensée informatique » : il s’agit de la capacité d’utiliser des processus informatiques pour résoudre des problèmes, afin que l’élève développe son esprit logique.
« Les langages utilisés en programmation informatique changent constamment. Ce qui est important, c’est de comprendre la logique qui est derrière », affirme Don Burks, formateur à Lighthouse Labs, un organisme de Vancouver qui forme les enseignants.
ACTIVITÉS DÉBRANCHÉES
Pour initier les élèves – et les enseignants – aux concepts de la programmation, plusieurs activités « débranchées » peuvent être organisées en classe. Un élève, les yeux bandés, peut se transformer en « robot » qu’un camarade de classe « programme » selon un code préétabli : une tape sur l’épaule droite indique un pas à droite, une tape sur la tête un pas à l’avant, etc. Les pupitres en classe peuvent même servir à créer un labyrinthe grandeur nature dans lequel le « robot » doit se déplacer. « C’est une de mes activités préférées ! », lance l’enseignant Scott Smith.
Comme plusieurs experts, Paula MacDowell se réjouit que le ministère ait mis l’accent sur le développement de ces concepts. « Ça permet aux enseignants de faire plusieurs activités sans logiciels ni robots. L’accès au matériel n’est pas nécessairement un enjeu », affirme cette professeure à l’Université de la Colombie-Britannique.
Mais, dans les classes, le son de cloche est parfois différent. « Enseigner les notions reliées à la pensée informatique, c’est très bien, affirme Scott Smith. Mais quand on met un robot entre les mains des élèves, on voit les yeux qui s’allument. Ça rend l’apprentissage plus concret. »