Le Journal de Montreal

Baignade en eau polluée à Verdun

L’eau contenait trois fois trop d’excréments, d’après une analyse indépendan­te commandée par Le Journal

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Les baigneurs de Verdun ont barboté pendant au moins six jours dans une eau contaminée du fleuve Saint-Laurent, non loin du site de la future plage.

« C’est possible que l’eau ne soit pas toujours de bonne qualité. Les gens se baignent à leurs risques », admet le porte-parole de l’arrondisse­ment, Gilles Bergeron.

Le Journal a découvert un taux de bactérie E.coli trois fois plus élevé que la norme au quai du Natatorium de Verdun, le 11 août. Ce lieu de baignade informel, situé à 2 km en amont du site de la future plage, est très fréquenté des baigneurs et des amateurs de sports nautiques.

E.coli est une bactérie d’origine fécale. On la retrouve dans les coliformes fécaux eux-mêmes en forte concentrat­ion dans les eaux usées.

La bactérie a aussi été retrouvée en forte concentrat­ion sur le site de la future plage pendant six jours au cours de l’été d’après des analyses de la Ville. Celle-ci n’a toutefois pas su expliquer la source de la contaminat­ion.

Montréal a effectué des échantillo­ns quotidiens sur le chantier de la plage cet été, a appris Le Journal. Néanmoins, les résultats d’analyse n’ont pas été mis à la dispositio­n du public bien que les berges de Verdun soient déjà fréquentée­s par les baigneurs, en amont du site de la plage.

TROIS FOIS LA NORME

L’échantillo­n du Journal, prélevé le 11 août, contenait 600 unités formatrice­s de colonie (UFC) d’E. Coli pour 100 ml d’eau, alors que l’eau de baignade doit contenir moins de 20 UFC d’E.Coli par 100 ml pour être considérée comme excellente. Jusqu’à 100 UFC d’E.Coli par 100 ml, l’eau est considérée comme bonne et jusqu’à 200, elle est classée passable.

Nos analyses effectuées par le laboratoir­e Environex, accrédité par le ministère de l’Environnem­ent, concordent avec celles du Réseau de suivi du milieu aquatique (RSMA) de la Ville, qui ont détecté un niveau élevé de coliformes fécaux quelques jours plus tard, le 16 août, au quai du Natatorium.

Le même jour, le quai-de-la-tortue, un autre lieu de baignade informel en amont de la future plage, et le chantier de la plage, affichaien­t eux aussi des taux élevés de coliformes qui auraient obligés à interdire la baignade, d’après les analyses du RSMA.

BAIGNEURS PAS INFORMÉS

« Il y a un problème de transparen­ce à la Ville de Montréal », dénonce Sylvain Ouellet, le porte-parole de l’opposition en matière d’environnem­ent.

La porte-parole de la Ville, Gabrielle Fontaine Giroux, réplique que les résultats des analyses périodique­s du RSMA « sont communiqué­s au grand public à partir d’une carte interactiv­e qui est simple à consulter et disponible sur le site web de la Ville ».

Les analyses du RSMA ne sont toutefois pas quotidienn­es et les résultats ne sont pas communiqué­s le jour de l’échantillo­nnage, déplore Sylvain Ouellet.

« Ce que je souhaitera­is c’est une applicatio­n géolocalis­ée sur mon cellulaire, dit-il. Elle permettrai­t à tous les usagers des berges, baigneurs, kayakistes et autres de connaître en tout temps la qualité de l’eau », suggère-t-il.

M. Ouellet n’est toutefois pas inquiet pour la future plage de Verdun, un ouvrage de 4,3 M$. « Il faut regarder la tendance sur cinq ans et à Verdun, en règle générale, la qualité de l’eau est bonne », dit-il.

 ?? PHOTO ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S ?? Le quai du Natatorium situé près de la future plage de Verdun offre un accès à l’eau très prisé. L’eau n’y est toutefois pas testée quotidienn­ement et les citoyens ne sont pas informés des débordemen­ts d’égouts qui surviennen­t en amont.
PHOTO ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S Le quai du Natatorium situé près de la future plage de Verdun offre un accès à l’eau très prisé. L’eau n’y est toutefois pas testée quotidienn­ement et les citoyens ne sont pas informés des débordemen­ts d’égouts qui surviennen­t en amont.

Newspapers in French

Newspapers from Canada