Le Journal de Montreal

Dure rentrée pour les enfants d’inondés

Plusieurs élèves habitent toujours à l’hôtel ou chez des amis environ quatre mois après les inondation­s

- GENEVIÈVE QUESSY

GATINEAU | Des enfants dont la maison a été inondée le printemps dernier doivent parfois se séparer de leurs parents pour pouvoir fréquenter la même école que l’année dernière puisque leur maison est toujours inhabitabl­e.

Après les inondation­s du mois de mai qui ont complèteme­nt détruit leur résidence de Gatineau, Mylène Bigras et sa famille se sont réfugiées à leur chalet de Bristol, situé à 45 minutes de route.

La situation était parfaite pendant l’été, mais avec la rentrée scolaire, ses deux enfants doivent retourner habiter à Gatineau.

Sa plus vieille, âgée de 20 ans, a loué un logement avec son copain et elle doit loger sa soeur de 15 ans.

« C’est ma plus vieille de 20 ans qui a fait la rentrée scolaire avec ma plus jeune », dit-elle.

La mère de famille n’avait pas prévu se séparer de ses enfants aussi rapidement.

« Notre maison doit être démolie et on n’a pas trouvé à se reloger au centre-ville de Gatineau. »

CHEZ SA TANTE

Leur fille la plus vieille a choisi d’aller habiter avec son copain en appartemen­t ; leur plus jeune de 15 ans y habite temporaire­ment, en attendant de prendre une chambre chez sa tante. Mais tout cela n’était pas du tout dans les projets de Mylène Bigras et Patrice Gravelle, qui souhaitaie­nt garder leur famille unie plus longtemps.

« Ça me fend le coeur. Elles m’appellent en pleurant pour me dire qu’elles s’ennuient de nous. Ma famille est dispersée, nos projets de vie bouleversé­s », raconte la dame, qui doit de plus faire le deuil de la maison où elle a grandi elle-même, puis élevé sa famille.

À Rigaud, Thomas Bussière, 16 ans, vit aussi sa rentrée scolaire à reculons.

« Je suis tanné. Je n’ai pas de cheznous. Quand est-ce que ça va revenir à la normale ? » demande-t-il souvent à sa mère, Maryse Nadeau.

C’est qu’en plus d’être fatigué d’avoir passé l’été à ramasser des débris et faire de la démolition, l’adolescent vit depuis quatre mois dans la même chambre d’hôtel que sa mère.

« Je le sens fatigué, irritable. On n’a aucune intimité. Il n’y a pas de bureau dans la chambre, pas de sofa, il doit s’asseoir sur le lit pour étudier. On n’a pas non plus de laveuse, alors je dois laver les chemises de son costume d’école tous les jours dans le bain et les suspendre pour les faire sécher », a-t-elle dit.

Puisque l’hôtel n’est pas à proximité, la dame doit faire 40 minutes chaque matin et soir pour le conduire à l’école.

Mais le pire, c’est qu’ils ne savent toujours pas si leur maison devra être démolie, et quelle sera la suite des choses.

« Je souhaite vraiment pas ça à mon pire ennemi », dit madame Nadeau.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, GENEVIÈVE QUESSY Quatre mois après les inondation­s, François Grenier et France Lauzon, de Pointe-Calumet, ramassent des débris de leurs chalets.

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