Les chèques pas remis au Palais des congrès
Pour des raisons de sécurité, Québec préfère les rendre en mains propres aux demandeurs d’asile
La remise de près de 4000 chèques d’aide sociale aux demandeurs d’asile se fera finalement par la poste et à même les centres d’hébergements, Québec ayant décidé d’annuler à la dernière minute la distribution prévue au Palais des congrès pour des raisons de sécurité.
À moins de 24 heures d’avis, le ministère de la Solidarité sociale a annulé la distribution de chèques d’aide financière de dernier recours qui devait avoir lieu aujourd’hui, au Palais des congrès de Montréal.
Plutôt que d’être distribués à un endroit, les chèques d’aide sociale émis pour les demandeurs d’asile leur seront remis directement dans les centres d’hébergement où ils logent, à l’abri des caméras.
EN MAINS PROPRES
Le Ministère dit avoir pris cette décision « afin d’assurer le bon fonctionnement et la sécurité des opérations », mais aussi pour « préserver la dignité de ces prestataires d’aide financière de dernier recours ».
Une source bien au fait du dossier a toutefois indiqué à notre Bureau parlementaire que le gouvernement Couillard n’avait reçu « aucun avis du Service de police de la Ville de Montréal » en ce qui a trait à la présence éventuelle de manifestants à proximité du Palais des congrès de Montréal.
Dans un communiqué, le Ministère justifie l’écart dans le nombre de chèques qui seront remis en mains propres (passé de 4000 à 3000) « par le fait que des demandeurs d’asile qui sont prestataires d’aide financière de dernier recours ont quitté les centres d’hébergement temporaire au cours du mois d’août, et ont désormais une adresse postale à laquelle les prestations peuvent être transmises ».
Ceux qui ont déjà trouvé refuge chez des amis ou de la famille recevront donc leur chèque directement là où ils résident.
MOINS DE DEMANDEURS
Le ministre de la Solidarité sociale, François Blais, a indiqué au cours des derniers jours que l’opération devrait coûter environ 2,5 M $ ce mois-ci.
Ces migrants recevront une somme identique à celle versée à n’importe quel autre bénéficiaire au Québec, soit 628 $ par mois pour une personne seule, et 1189 $ pour une famille de deux adultes et deux enfants.
Des organismes venant en aide aux réfugiés à Montréal sont soulagés par la décision du gouvernement. La distribution des chèques dans un lieu public était dangereuse et « discriminatoire », envers les migrants, estime la porte-parole de la Concertation haïtienne pour les migrants, Ninette Piou.
« Nous, ce qu’on a dit au gouvernement, c’est que ce n’était pas normal que ce genre de situation se produise au Québec, explique-t-elle. Imaginez, 4000 personnes qui viennent chercher leur chèque. Il aurait pu y avoir des batailles, des débordements, toutes sortes de choses. »
Selon elle, le gouvernement s’est rendu à l’évidence et a décidé de prendre une décision « plus sage et juste » en évitant d’exposer sur la place publique des personnes « vulnérables » qui ont besoin d’une aide de dernier recours pour subvenir à leurs besoins.