Insalubrité dans une résidence d’aînés
Le Protecteur du citoyen a découvert des draps souillés, des punaises de lit et des problèmes comptables
Punaises de lit, draps souillés et fils électriques qui pendent du plafond, le Protecteur du citoyen tire la sonnette d’alarme sur l’insalubrité et les dangers qui guettent les aînés d’une résidence privée de Sherbrooke.
« L’enquête révèle des lacunes majeures quant à la qualité des services et du milieu offerts par la résidence privée pour aînés Brooks », écrit le Protecteur du citoyen dans un rapport accablant publié hier.
Deux enquêteurs se sont rendus à la résidence de quatre étages située au centre-ville de Sherbrooke, en février et mars derniers, à la suite de plaintes de résidents et de leurs proches.
Sur place, ils ont vu une rampe d’escalier mal fixée, des fils électriques qui pendaient du plafond et une chaudière au milieu des escaliers pour recueillir l’eau.
PUNAISES DE LIT
C’est sans compter l’infestation de punaises de lit qui perdure dans l’établissement pouvant accueillir 50 résidents. Après une infestation majeure en 2015, le rapport note que, malgré l’intervention d’un exterminateur, encore sept chambres restaient infestées.
Puis, le rapport soutient aussi que la résidence n’arrive pas à offrir des soins adéquats à tous ses résidents, dont certains aux besoins trop lourds se retrouveraient ainsi « dans une situation de négligence ».
Une intervenante du CIUSSS de l’Estrie a notamment raconté avoir vu des traces de selles sur le lit et la chaise berçante d’une résidente, qui portait aussi des vêtements souillés. Il y avait aussi une selle séchée près du mur de sa chambre.
TROP POUR LA RÉSIDENCE
Cette patiente aux problèmes cognitifs sévères avait des besoins qui dépassaient la capacité de la résidence, mais le CIUSSS n’en avait pas été informé, selon le rapport.
Pour le Protecteur du citoyen, la résidence « manque de transparence et de rigueur dans l’administration des montants qui lui sont confiés ».
Il note que les résidents ne reçoivent pas de factures pour les biens et services qu’ils paient, et que les transactions sont seulement inscrites sur du « papier brouillon », sans signature.
Il déplore que les responsables aident les résidents à faire leur rapport d’impôts ainsi que des retraits à la banque, et qu’elle ne garde aucune compilation des transactions. La résidence se place aussi en conflit d’intérêts lorsqu’elle se verse des montants prélevés à même le budget des résidents pour des soins ou des services qu’elle leur fournit elle-même.
Pour sa part, la propriétaire de la Résidence Brooks, Brigitte Bilodeau, assure faire de son mieux pour assurer le bienêtre des aînés sous son toit. Selon elle, le rapport d’enquête du Protecteur du citoyen est « non fondé ».
« Il me reproche qu’on fasse les impôts avec les gens, mais faut-il que je les laisse tomber ? » se demande-t-elle.
Mme Bilodeau soutient aussi travailler depuis sept ans avec le Curateur public lorsqu’il est question des finances des résidents et que c’est la première fois que ces lacunes sont portées à son attention.
Pour ce qui est des punaises de lit et des réparations, elle ajoute faire le « maximum ».
Elle promet néanmoins d’apporter les améliorations suggérées par le Protecteur du citoyen et d’être « le plus transparent possible ».