Le Journal de Montreal

Les employés refusent d’agir devant l’hôpital

L’homme en arrêt cardiaque est mort peu après

- EMY-JANE DÉRY

SEPT-ÎLES | Le personnel médical a refusé d’intervenir auprès d’un homme en arrêt cardiaque devant l’hôpital de Sept-Îles, car il croyait ne pas être couvert par les assurances hors des murs de l’établissem­ent. L’homme est mort quelques jours plus tard.

Le coroner Bernard Lefrançois qualifie de fausse croyance le fait que les employés pensaient ne pas être assurés à l’extérieur de l’hôpital. Il estime néanmoins que la mort de Martin Collard, survenue en octobre 2015, n’aurait pu être évitée, même si les employés étaient vite intervenus.

Au petit matin, l’homme sous l’effet de la cocaïne s’est retrouvé en crise devant les portes du centre hospitalie­r de Sept-Îles.

À la demande de l’hôpital, les policiers sont intervenus et l’ont maîtrisé. Au moment de le menotter, ils ont réalisé qu’il avait perdu conscience et qu’il ne respirait plus. Le personnel en renfort a refusé de sortir.

Lorsque Gaétanne Collard est arrivée sur les lieux, son frère était étendu au sol et un policier tentait de le réanimer.

« J’ai encore l’image de mon frère étendu à deux pieds de la porte de l’hôpital, avec personne pour le soigner; c’est surréalist­e », a-t-elle confié, encore sous le choc.

« Chaque minute comptait et personne n’est sorti. La policière disait que c’était un médecin que ça prenait et il n’y en a pas un qui est sorti », a martelé Mme Collard.

PAS COUVERTS ?

Les employés de l’urgence affirmaien­t « ne pas être couverts par les assurances en dehors des murs », explique dans son rapport le coroner. La coordonnat­rice de l’urgence, aussi infirmière, lui a fait un massage cardiaque environ trois minutes après la demande d’aide logée à l’urgence.

En raison de cette interventi­on, le coroner estime que Martin Collard a pu recevoir « les soins requis dans un délai relativeme­nt court » et que « le reste du personnel n’aurait pu le faire plus rapidement. »

Martin Collard a été maintenu en vie artificiel­lement pendant trois jours, avant que son décès soit constaté.

La croyance du personnel médical, quant à leur impossibil­ité d’intervenir, ne trouvait appui sur « aucune directive et règle », conclut M. Lefrançois.

Après la mort de M. Collard, une directive a été émise dans les centres hospitalie­rs du Québec pour y mettre un terme.

Pour sa part, la famille de Martin Collard est en réflexion quant à la possibilit­é d’entamer des poursuites judiciaire­s.

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MARTIN COLLARD Décédé

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