Faut-il imposer cet enseignement ?
Faut-il imposer l’apprentissage du « codage » sur les bancs d’école ? Les avis sont partagés.
Thierry Karsenti, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication en éducation, croit qu’il faut l’imposer afin d’assurer une uniformité dans le réseau scolaire.
« Présentement, ce qu’on voit de temps en temps, c’est un enseignant plus techno qui initie ses élèves à la programmation, dit-il. C’est très bien, il faut louer ces initiatives individuelles, mais il faut que ce soit généralisé ». L’apprentissage du code informatique pourrait très bien être intégré dans les programmes de mathématique, ajoute-t-il.
EN FRANCE AUSSI
Margarida Romero, professeure à la Faculté des sciences de l’éducation à l’Université Laval, croit au contraire qu’il ne faut surtout pas forcer les profs à enseigner la programmation.
Les résultats de cette approche sont mitigés, affirme celle qui revient d’un séjour en France où la programmation informatique est incluse dans les programmes scolaires depuis l’automne dernier. « Il y a le discours officiel et la réalité sur le terrain », lance-t-elle après avoir constaté que plusieurs enseignants français n’enseignent tout simplement pas ces notions en classe, même si elles sont désormais obligatoires.
INVESTIR DANS LA FORMATION
Il faut plutôt trouver une formule « flexible » afin de ne pas « créer de résistance » chez les enseignants qui se sentent déjà dépassés, ajoute Mme Romero.
Certains profs plus motivés pourraient par exemple animer des ateliers de programmation avec plusieurs groupes d’élèves dans une même école, précise-t-elle.
Du côté de Kids Code Jeunesse, un organisme à but non lucratif qui donne des formations sur la programmation informatique en milieu scolaire, la directrice Kate Arthur refuse quant à elle de trancher.
Pour que le « codage » fasse son chemin dans les écoles, il faut avant tout du leadership de la part du ministère de l’Éducation qui doit investir dans la formation des directeurs et enseignants, affirme-t-elle.
« Sinon, même si on le rend obligatoire, on ne sait pas ce qui se passe dans la classe une fois la porte fermée », lance-t-elle.