Le Journal de Montreal

Le fragile équilibre de la CAQ

- RÉMI NADEAU Chef du Bureau parlementa­ire à Québec remi.nadeau @quebecorme­dia.com

Avec la consolidat­ion de leur deuxième position dans les sondages, on imaginait les caquistes le sourire fendu jusqu’aux oreilles pour la rentrée. Mais le caucus en Mauricie n’a été le théâtre d’aucun excès de confiance, au contraire. Si l’heure est à l’optimisme mesuré, on sent même un zeste de zèle de prudence dans l’organisati­on.

La CAQ est bien en selle avec 28 % dans les intentions de vote, seulement 4 points de moins que les libéraux.

Mais François Legault et les anciens adéquistes qui se sont greffés à lui ont connu dans le passé tant les soirs de party… que les matins de gueule de bois politique. Et ça paraît.

CONTRÔLE DU MESSAGE

D’abord, François Legault veut accorder plus de visibilité à ses députés, mais la plupart ont soigneusem­ent évité les mêlées de presse pendant cette réunion de deux jours, qui est l’occasion de renouer avec les médias après les vacances.

Le plus surprenant, c’est que l’équipe de communicat­ion a préféré cacher le candidat à l’importante élection partielle de Louis-Hébert, Normand Sauvageau, pourtant présent lundi.

Sur le plan du contenu, la CAQ a effectué une sortie contre l’impopulair­e Gaétan Barrette et « l’échec de ses réformes ».

Un sondage ayant révélé que 56 % des Québécois ont une mauvaise opinion du doc bulldozer, c’était comme frapper un ballon de plage avec un bat de baseball.

En pleine rentrée scolaire, les caquistes auraient pu tabler sur l’éducation, mais Sébastien Proulx, qui jouit de l’appui du monde scolaire, devient une cible plus difficile à atteindre.

Même en privé, les députés restent mesurés.

Ils sont conscients qu’il est presque impossible de maintenir un momentum pendant… un an !

Une bévue est si vite arrivée.

RIEN DE JOUÉ

La CAQ a choisi de tenir sa réunion en Mauricie, où elle croit possible de remporter les quatre circonscri­ptions en 2018.

Mais, des sympathisa­nts qui trinquaien­t au 5 à 7 en marge du caucus admettaien­t franchemen­t ne pas sentir de grogne, localement, à l’égard des élus libéraux.

« On ne pourra pas miser sur le mécontente­ment, on devra démontrer qu’un gouverneme­nt de la CAQ serait encore meilleur pour le monde », nous a-t-on confié.

Il faudra aussi beaucoup de discipline et de cohérence dans le discours d’ici là.

À peine quelques minutes après avoir entendu son chef Legault marteler l’engagement de diminuer le nombre de nouveaux immigrants au Québec à 40 000, un élu tempérait.

Même dans les régions, la pénurie de main-d’oeuvre sévit et de « nouveaux bras » sont nécessaire­s. Ainsi, ce « 40 000 » ne serait pas un absolu, mais plutôt un chiffre « à adapter en fonction de la réalité ».

En bonne posture, la CAQ fait tout de même face à un défi de taille.

François Legault semble se tenir en équilibre sur une planche, comme un surfeur, sur un début de vague.

Il devra conserver cet équilibre, que la vague prenne de l’ampleur, pas trop vite, et qu’elle déferle au bon moment !

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