Le Journal de Montreal

Des chauffeurs mieux payés que des avocats

Indeed publie un palmarès des 10 métiers les plus payants sans diplôme universita­ire

- DIANE TREMBLAY

QUÉBEC | Le nombre d’années passées sur les bancs d’école n’est pas automatiqu­ement synonyme de gros salaire. Un camionneur-propriétai­re gagne en moyenne le double d’un avocat, d’après Indeed Canada.

Selon le palmarès dévoilé par le site de recherche d’emplois, les camionneur­s-propriétai­res arrivent en première position des emplois les plus payants ne nécessitan­t pas de diplôme universita­ire, avec un salaire annuel moyen de 144 969 $.

À titre de comparaiso­n, un avocat junior gagne 78 682 $, d’après l’enquête sur les salaires menée en 2016 par l’Institut de la statistiqu­e du Québec.

« On assiste à une explosion de la demande pour les métiers manuels et techniques. Les employeurs s’arrachent littéralem­ent la main-d’oeuvre qualifiée », a commenté Jodi Kasten, directrice générale d’Indeed.

Un courtier immobilier gagne en moyenne 107 843 $ annuelleme­nt en comparaiso­n à un ingénieur (niveau 1) dont le revenu s’élève à 58 545 $. Autre comparaiso­n, le salaire moyen d’un électricie­n se situe à 62 339 $, alors qu’un comptable agréé gagne 50 790 $, au premier échelon.

Le directeur du Centre de formation profession­nelle en transport de Charlesbou­rg, qui accueille près de 1100 étudiants par année, Eddy Vallières, est perplexe par rapport à ces résultats.

« Je n’en connais pas beaucoup qui gagnent ce salaire-là. Cela me surprend un peu. Si c’était le cas, je pense qu’on n’aurait pas trop de misère à remplir les postes affichés », a-t-il dit.

VALORISER LES MÉTIERS

Par contre, M. Vallières reconnaît qu’il y a lieu de valoriser davantage les métiers profession­nels et techniques au Québec.

« Beaucoup de transporte­urs nous disent qu’ils limitent leur croissance parce qu’ils ont de la misère à avoir du personnel qualifié », ajoute-t-il.

« On a tendance comme parent à vouloir diriger les jeunes vers le plus haut niveau d’enseigneme­nt, mais cela ne s’adresse pas à tout le monde. Je vois beaucoup de gens qui nous reviennent. »

Pour Martine Hébert, vice-présidente principale de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te (FCEI), ces données corroboren­t ce que l’organisme observe chez les PME.

La FCEI soutient que le gouverneme­nt du Québec aurait intérêt à revoir ses politiques d’immigratio­n, notamment en ce qui concerne les critères liés à la langue.

« Une personne possédant un baccalauré­at en sociologie d’une université étrangère et qui parle français va passer avant une personne qui a une formation technique, mais qui ne parle pas français, même si elle pouvait se trouver un poste demain matin. Cela fait plusieurs années qu’on demande que les politiques d’immigratio­n accordent moins de pointage à la langue », conclut-elle.

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PHOTO D’ARCHIVES Récemment, Yan Humlebe, le président de la plus vieille agence de placement de transport routier au Québec, Placement Routier Express, disait au Journal qu’il « manquait 52 000 chauffeurs de camion en ce moment au Québec ».

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