Le Journal de Montreal

Villeneuve à 320 km/h

Jacques Villeneuve a renoué avec le pilotage d’une F1 à Monza

- Louis Butcher LButcherJD­M louis.butcher @quebecorme­dia.com

MONZA | Jacques Villeneuve a hésité quand on lui a proposé d’effectuer quelques tours de piste à bord d’une F1 biplace à la veille des premiers essais en prévision du Grand Prix d’Italie.

« Quand on vous fait ce genre de demande, dit-il, c’est que vous êtes un pilote retiré de la course, un has-been, comme on les appelle, relate-t-il. Or, moi, je ne suis pas rendu là. Pas encore. »

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il refuse catégoriqu­ement de venir interroger les pilotes sur le podium après un Grand Prix. La demande lui a été faite à maintes reprises, à Montréal notamment. La réponse, c’est non.

« Je laisse ça aux autres, dit-il. Aux David Coulthard, Martin Brundle et Mark Webber de ce monde. Ce travail, c’est pour les retraités.

« Mais bon, si j’ai accepté de rouler dans cette F1, c’est parce que c’était à Monza, le temple de la vitesse. Un circuit que j’ai toujours aimé et tellement riche en histoire. »

UN NOM MAGIQUE

À Monza, oui, où le nom Villeneuve est magique. Et le sera pour l’éternité.

Ce fut d’abord Gilles, dont la légende est encore très vivante en Italie. De vieux journalist­es, rencontrés hier, qui l’ont suivi dans ses années de gloire n’hésitent pas à le décrire, encore aujourd’hui, comme l’un des cinq pilotes les plus marquants de l’histoire de la F1. C’est tout dire.

Jacques, lui, n’a sûrement pas eu la même attention en Italie, probableme­nt parce qu’il n’a jamais eu la chance d’être recruté par Ferrari comme papa. Mais il demeure le fils de Gilles et un champion du monde par surcroît.

À bord d’une F1 Minardi, de l’année 1998, Villeneuve s’est fait plaisir hier.

À lui voir les yeux éclatants quand des technicien­s l’ont attaché dans son cockpit et procédé à la mise à feu du bon vieux V10 Cosworth, dont on regrette aujourd’hui la sonorité, il cachait mal son impatience à vouloir lâcher l’embrayage.

Il était heureux de replonger, le temps de quelques minutes, dans la peau d’un pilote de F1, en arborant son casque aux couleurs d’antan. Du bonbon.

« Non, ça ne se perd pas, a-t-il indiqué à sa sortie de voiture. Tu arrives au premier virage de la piste et tu sais exactement comment te comporter. J’avoue avoir eu une nausée à la première accélérati­on, car l’oreille n’est plus habituée.

« C’est quand même 880 chevaux, les réactions sont foudroyant­es, poursuit-il. Le pilotage et le freinage sont précis, c’est génial. »

UNE PASSAGÈRE COMBLÉE

Cette Minardi, conçue pour le programme F1 Experience­s, est une F1 à empattemen­t long à laquelle on a ajouté un deuxième baquet derrière le pilote. C’est la présentatr­ice Frederica Masolin, du réseau Sky Sports Italia, qui a eu l’immense privilège d’être sa passagère. « Je n’ai jamais eu peur sur la piste, juste un peu de douleur au cou quand on a négocié des virages rapides, a-telle raconté au Journal. J’aurais voulu continuer... » Villeneuve s’est évidemment retenu, avoue-t-il. Mais à peine. Il a été chronométr­é à 320 km/h sur la longue ligne droite devant les puits de ravitaille­ment. S’il n’a pas roulé plus vite, c’est qu’on a limité la vitesse de la monoplace à ce seuil de tolérance.

« J’ai devancé mes freinages, a indiqué Villeneuve, parce que, justement, quelqu’un était assis derrière moi. Autrement, j’aurais poussé davantage. Je me sentais à l’aise de le faire. »

TROIS PETITS TOURS

Quand on lui a donné les consignes avant de prendre la piste au volant d’une F1 — ce qu’il faisait pour la première fois depuis 2006 —, le responsabl­e lui a demandé de ne boucler que trois tours, dont le premier seul dans la voiture, avant de ranger le bolide dans les puits de ravitaille­ment.

« Et si je refuse?» lui a demandé Villeneuve à la blague, qui en aurait voulu davantage. On le connaît.

Villeneuve n’a jamais gagné à Monza ni même accédé au podium, contrairem­ent à son père, qui a terminé deuxième en 1979 dans l’une de ses trois participat­ions.

« J’ai connu des malchances, mais peu importe, affirme-t-il. L’important, c’est d’avoir couru ici comme Gilles. Le nom Villeneuve est gravé à jamais en Italie et cent fois plus populaire qu’au Québec. Ça ne se compare pas.

« Les jeunes ici connaissen­t le nom Villeneuve même s’ils ne nous ont jamais vus courir », a-t-il conclu.

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 ?? PHOTOS LOUIS BUTCHER ?? Jacques Villeneuve a accepté de rouler sur le tracé de Monza, hier, un circuit riche en histoire, a-t-il dit.
PHOTOS LOUIS BUTCHER Jacques Villeneuve a accepté de rouler sur le tracé de Monza, hier, un circuit riche en histoire, a-t-il dit.
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