Le Journal de Montreal

Un meilleur accès à l’antidote est réclamé

- VINCENT LARIN

Sauvée à la dernière minute par l’antidote au fentanyl, la naloxone, une femme qui consomme de l’héroïne implore les autorités de rendre la substance plus accessible.

« La crise du fentanyl, c’est maintenant à Montréal […] si vous connaissez quelqu’un qui consomme, procurez-vous de la naloxone », lance Catherine, 30 ans, qui préfère garder l’anonymat puisque ses parents ne savent pas qu’elle se drogue.

La travailleu­se de rue a cru qu’elle vivait ses derniers instants alors qu’elle agonisait dans le fond d’une ruelle du Plateau Mont-Royal après avoir consommé sa dose d’héroïne. Mais trois de ses amis qui passaient par là ont pu la réanimer grâce à la trousse de naloxone qu’ils avaient avec eux.

Ce produit annule temporaire­ment l’effet du fentanyl et permet aux personnes en surdose de gagner de précieuses minutes le temps de se rendre à l’hôpital.

Grâce à la deuxième chance que l’antidote lui a donnée, Catherine a entrepris une thérapie pour traiter sa dépendance. Elle traîne maintenant une trousse qui contient le médicament en tout temps.

MANIFESTAT­ION

Plus d’une centaine de personnes ont manifesté hier au parc Émilie-Gamelin de Montréal pour réclamer un meilleur accès à la naloxone dans le cadre de la Journée internatio­nale de sensibilis­ation aux surdoses.

« C’est vraiment une solution gagnante qui ne va pas nécessaire­ment diminuer le nombre de surdoses, mais qui va assurément diminuer le nombre de surdoses mortelles », explique l’intervenan­te au GRIP-Montréal Jessica Turmel.

Seulement quatre pharmacies dis- tribuent gratuiteme­nt le produit à Montréal dans le cadre d’un partenaria­t avec la Direction de la santé publique, déplore le directeur de l’Associatio­n québécoise pour la Promotion de la Santé des personnes utilisatri­ces de drogues, Jean-François Mary.

PROBLÈME

« Il y a de nombreux quartiers comme le Sud-Ouest et NDG qui ne sont même pas couverts, et juste ça, c’est un problème », explique-t-il.

Son organisme réclame en vain une rencontre avec la ministre de la Santé publique, Lucie Charlebois, depuis plus de six mois pour parler de ce problème.

« Oui, c’est beau les discours, de dire que la naloxone est disponible, mais dans les faits, il reste énormément de chemin à faire », affirme Jean-François Mary.

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JESSICA TURMEL Intervenan­te GRIP-Montréal

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