Le Journal de Montreal

L’ex-ministre Jérôme Choquette est décédé

Connu pour son rôle lors de la crise de 1970, l’ancien ministre libéral a aussi réformé la justice québécoise

- CAMILLE GARNIER

L’ancien ministre de la Justice et maire d’Outremont, Jérôme Choquette, est décédé hier matin des suites d’une pneumonie à l’âge de 89 ans.

L’homme politique et avocat restera notamment ancré dans la mémoire collective québécoise comme l’un des acteurs importants de la crise d’Octobre, en 1970.

Ministre de la Justice à l’époque, Jérôme Choquette faisait partie du gouverneme­nt de Robert Bourassa, qui a approuvé le recours à la Loi sur les mesures de guerre et fait arrêter 300 personnes. Cette mesure se voulait une réponse, disproport­ionnée selon certains, aux attentats et enlèvement­s du Front de libération du Québec (FLQ).

MALENTENDU

« L’histoire politique de mon père est un malentendu, affirme Frédéric Choquette, l’un des quatre enfants de l’ancien ministre. La crise de 1970 lui a collé l’étiquette d’un homme dur, voire même d’extrême droite, alors qu’il était quelqu’un de sensible qui a toujours cherché à défendre les petites gens. »

En tant que ministre, Jérôme Choquette fut à l’origine de nombreuses réformes progressis­tes telles que l’adoption de la Charte des droits et libertés de la personne, la mise en place de l’aide juridique et la création de la Cour des petites créances.

Réputé pour son intransige­ance et sa rigueur, le brillant juriste finira par quitter le gouverneme­nt et le Parti libéral pour siéger en tant que député indépendan­t en septembre 1975. Il justifiera ce départ soudain par le désaccord l’opposant à Robert Bourassa concernant la Loi sur la langue officielle. Jérôme Choquette souhaitait la modificati­on de celle-ci pour que l’école française devienne la règle pour tous, à l’exception des enfants de langue maternelle anglaise.

PRINCIPES

Par la suite, Jérôme Choquette fondera sans grand succès une formation politique de centre droit, le Parti national populaire. Après un maigre score de 1 % à l’élection générale de 1976, il rejoindra les rangs du Parti libéral en 1978.

« C’était plus un homme de principes et d’idées qu’un organisate­ur, c’est sans doute pour cela que son parti n’a pas fonctionné », avance sa cousine Renée Lescop, qui se souvient d’un personnage érudit et impression­nant, mais aussi très émotif.

Jérôme Choquette sera aussi le maire de la ville d’Outremont de 1983 à 1991.

Sa candidatur­e au poste de maire de Montréal et sa défaite à l’élection municipale de 1994 contre Pierre Bourque ont marqué la fin de sa carrière politique.

« Dans les dernières années, il s’était complèteme­nt déconnecté de la vie politique, indique Frédéric Choquette. Il déplorait le spectacle que c’était devenu et trouvait que les dirigeants actuels ne s’intéressai­ent pas assez au bien public. »

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PHOTOS D’ARCHIVES MICHAEL NGUYEN, LE JOURNAL DE QUÉBEC, ALBERT VINCENT ET RAYMOND BOUCHARD 1. Jérôme Choquette a été membre du barreau du Québec pendant 63 ans. 2. À titre de ministre de la Justice, M. Choquette fut l’un des principaux acteurs de la crise d’Octobre opposant le gouverneme­nt au FLQ. On le voit ici lors d’une conférence de...
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