Le Journal de Montreal

ENTREVUE AVEC DAVE COURAGE

Le survivant de l’attentat du Métropolis, qui visait Pauline Marois, raconte son histoire dans un livre

- Claudia Berthiaume CBerthiaum­eJDM

Cinq ans après l’attentat politique du Métropolis, Dave Courage porte toujours les marques de cette soirée fatidique, où il a pris une balle destinée à la première ministre Pauline Marois. Mais une chose est claire dans l’esprit du technicien de scène : le tireur Richard Henry Bain n’a pas atteint sa soif de vivre.

« Il ne m’a rien enlevé. Il n’a rien gâché », affirme-t-il en parlant de Bain.

Un an après la condamnati­on du meurtrier, le survivant raconte son histoire dans un livre écrit par Denis-Martin Chabot intitulé Survivre à l’attentat du

Métropolis. Il sera disponible en librairie la semaine prochaine.

« Je tenais à partager mon vécu pour lancer un message positif : il ne faut pas lâcher prise et il faut continuer à vivre malgré les obstacles », explique le père de famille de 32 ans.

Des obstacles, Dave Courage en a surmonté plus d’un.

À l’âge de 4 ans, il a survécu à un cyclone en Guadeloupe.

Devenu père à 17 ans, son premier enfant est décédé à la naissance.

Il a dû quitter la Floride, où il vivait avec sa famille, après un séjour en prison et plusieurs démêlés avec la justice américaine.

CICATRICES

Venu refaire sa vie dans sa ville natale, à Montréal, il a été l’une des deux victimes de l’attentat du Métropolis à l’âge de 27 ans. C’était le 4 septembre 2012.

Cette dernière épreuve a changé Dave Courage à tout jamais. Son ami Denis Blanchette a été tué par la même balle qui l’a traversé.

Son corps a été marqué, son esprit également. Afin de détourner son propre regard de ses cicatrices, il s’est fait tatouer les noms de ses enfants.

« Je me regarde dans le miroir chaque matin et je vois des cicatrices que je n’ai pas choisies. J’ai décidé de choisir les autres marques permanente­s que j’aurais sur le corps », illustre-t-il.

DOULEUR CHRONIQUE

Son coccyx a été détruit par la balle de Richard Henry Bain.

Souffrant de douleur chronique, Dave Courage a de la difficulté à s’asseoir, à se tenir droit, à dormir. Il a une ordonnance médicale pour consommer de la marijuana thérapeuti­que. Le technicien de scène n’a pas retravaill­é depuis cinq ans.

Dave Courage a dû se battre pour être indemnisé. C’est la goutte qui a fait déborder le vase.

« Le criminel violent est en prison à vie et on lui paie tout. Moi, la victime, il faut que je me batte et que je poursuive [le gouverneme­nt] pour avoir des miettes. C’est révoltant », laisset-il tomber.

Le père de famille ne pourra jamais pardonner à Richard Henry Bain. Il estime qu’il n’a pas à le faire.

« J’ai lâché prise parce que ça ne sert à rien de garder cette énergie négative là. Lui, il doit vivre avec ses regrets et je n’y peux rien. Il va en souffrir, j’en doute même pas », explique Dave Courage.

Le trentenair­e en veut davantage « au système ». « Bain, c’est juste un cave qui a pris une mauvaise décision. Mais qu’est-ce qui l’a rendu comme ça ? Pourquoi il était si fâché qu’il voulait tuer Mme Marois et qu’il était prêt à tirer sur une foule innocente ? », se demande-t-il.

AMOUR

Le survivant du Métropolis estime que s’il y avait plus d’unité dans la société, plus d’amour, des tragédies comme celle qui lui est arrivée pourraient être évitées.

« Tout seul, je ne suis rien. Mais si on est des millions à vouloir l’amour, un gars fâché ne peut pas nous arrêter », philosophe-t-il.

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PHOTO CHANTAL POIRIER Même si Dave Courage restera marqué à jamais, tant physiqueme­nt que psychologi­quement, il désire livrer un message d’amour. Il a accepté de revenir sur les lieux de l’attentat lors de l’entrevue qu’il nous a accordée.
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