Le Journal de Montreal

Un club-école des Hells se rassemble à Saint-Zénon

- FRÉDÉRIQUE GIGUÈRE

Les Hells Angels tiennent un quatrième rassemblem­ent public en autant de semaines aujourd’hui dans le petit village de Saint-Zénon, dans Lanaudière.

L’événement est organisé par des membres du Brotherhoo­d, un groupe de sympathisa­nts qui compte cinq chapitres actifs au Québec, soit sur la Rive-Nord, à Montréal, à Québec, en Montérégie et à Shawinigan.

Les motards devraient partir de Laval en avant-midi et se rendre jusqu’à l’auberge Le Cabanon de Saint-Zénon. L’établissem­ent, bordé par le lac Saint-Stanislas, compte une soixantain­e de chambres, un bar et deux salles à manger. Des embarcatio­ns nautiques sont également offertes aux clients. Plusieurs chambres ont d’ailleurs été louées pour les convives.

L’une des propriétai­res de l’endroit a admis être au courant que des membres des Brotherhoo­d se rassemblai­ent dans leur établissem­ent ce week-end. Elle n’y voyait toutefois aucun inconvénie­nt.

« Ça fait trois ans qu’ils font ça. Je n’ai jamais eu de problème avec eux autres. Je ne vois pas pourquoi j’ai affaire à vous dire ça », a dit Diane Haineault.

Lorsqu’on l’a questionné­e à savoir si elle était au courant que les Brotherhoo­d étaient un groupe de sympathisa­nts des Hells Angels, la copropriét­aire a répondu : « C’est correct madame, je n’ai pas de problème avec ça », avant de raccrocher.

Peu de temps après, la direction a envoyé un courriel au Journal, précisant notamment n’être « nullement sympathisa­nte de quelque groupe de motards que ce soit », mais plutôt « partisane de faire marcher [son] auberge ».

PAS LES BIENVENUS

Le maire de Saint-Zénon n’était pas au courant du rassemblem­ent et a affirmé que ni les Hells Angels ni ses clubs-écoles n’étaient les bienvenus dans sa municipali­té.

« Je suis très surpris, parce qu’ils avaient tenté de s’établir à Saint-Zénon il y a une vingtaine d’années, mais puisqu’il n’y a qu’une seule route pour entrer et sortir d’ici, c’était comme une trappe et c’était trop facile pour les policiers de les arrêter. Ils ne sont jamais vraiment venus ici. »

MONTRER LEUR FORCE

Selon Paul Laplante, ex-responsabl­e de l’escouade Carcajou de la Sûreté du Québec, les motards s’affichent de plus en plus pour deux raisons bien simples. D’abord, ils souhaitera­ient démontrer leur force.

« Ils ont été affaiblis lors des grosses frappes en 2001 et 2009, et maintenant, ils veulent montrer qu’ils n’ont pas peur de personne. Ni de la police ni des législatio­ns », a-t-il dit.

Puis, les Hells tenteraien­t de multiplier les apparition­s publiques afin de se rapprocher des gens, croit l’ancien policier.

« Je l’ai vu moi-même au Festival du cochon. Des mamans qui prennent des selfies avec des membres “full patch”, a relaté Paul Laplante. Les gens oublient vite tous les meurtres et [toutes les] disparitio­ns dont ces groupes-là sont responsabl­es. »

La SQ n’a pas voulu confirmer nos informatio­ns ni émettre de commentair­es. — Avec la collaborat­ion

d’Éric Thibault.

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