Le Journal de Montreal

Trop intoxiquée pour être interrogée

Accusée d’avoir laissé un bébé dans un logis en feu

- MICHAËL NGUYEN

La gardienne accusée d’avoir abandonné un bébé dans un appartemen­t en feu était si intoxiquée qu’il a fallu attendre 20 heures pour qu’elle puisse être interrogée par la police, a appris Le Journal.

« Josée Milot avait l’air un peu choquée par tous les événements », a admis son avocat de longue date, Antonio Cabral, hier au palais de justice de Montréal.

Visiblemen­t nerveuse, la femme de 49 ans a comparu de la prison de Rivière-des-Prairies. Elle n’a pratiqueme­nt pas dit un mot, se limitant à un « salut Tony » à son avocat.

L’ex-prostituée qui a des problèmes de consommati­on de crack a été accusée d’abandon d’enfant, d’avoir omis de fournir les choses nécessaire­s à l’existence, ainsi que d’incendie criminel causé par sa négligence.

PAS DE LIBÉRATION

Milot devait s’occuper d’une fillette d’un an dans la nuit de mercredi à jeudi, mais après avoir mis une casserole sur le feu, elle aurait quitté le logement qui a pris feu. Selon un colocatair­e, elle avait beaucoup consommé.

La petite a été sauvée par des policiers qui sont rapidement intervenus.

Une fois arrêtée, Milot se serait toutefois endormie jusqu’en soirée, si bien que les enquêteurs ont dû attendre avant de pouvoir l’interroger. C’est à ce moment qu’elle aurait réalisé la gravité de la situation.

Me Roxane Laporte, de la poursuite, s’est opposée « fermement » à sa remise en liberté, et la gardienne passera la fin de semaine en détention. Un juge statuera sur son sort mardi.

« Mme Milot n’a pas eu un parcours de vie facile, elle vient d’un milieu défavorisé, elle a tenté de s’en sortir avec des thérapies, a expliqué Me Cabral. Ses dossiers [judiciaire­s] parlent d’eux-mêmes. »

AGENTS DOUBLES

Milot avait pourtant juré en 2015 avoir arrêté toute consommati­on de drogue, après s’être fait pincer par des agents doubles à vendre du crack au carré Saint-Louis à Montréal.

« J’ai arrêté la drogue, je me suis trouvé un logement et des meubles, avait-elle alors dit à une juge. J’ai été capable de remonter la pente, j’ai travaillé fort. »

La femme avait expliqué avoir grandi dans un « milieu de marde », où elle côtoyait des trafiquant­s afin de satisfaire sa dépendance.

Depuis son sevrage, elle disait s’occuper de son petit chien et de son emploi au journal L’Itinéraire.

« Je pense avoir fait des efforts, avait-elle dit. Avant, j’étais toute maigre [à cause de la drogue] et là, je suis en forme ! »

« Vous revenez de loin et je ne vais pas vous empêcher de continuer votre chemin », avait commenté la juge Nathalie Fafard avant de condamner Milot à deux ans moins un jour à purger dans la collectivi­té.

Milot était toujours sous le coup de cette sentence lors de l’incendie cette semaine, ce qui lui a valu une accusation d’avoir manqué à son sursis.

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JOSÉE MILOT Gardienne

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