Bell a gâté des hauts gradés de la SQ
20 000 $ en cadeaux sont examinés par l’UPAC
La plupart des 18 hauts gradés de la Sûreté du Québec qui se seraient fait gâter en cadeaux, en sorties et en alcool par un cadre de Bell Canada, entre 2004 et 2015, sont à l’abri de toute sanction.
Quinze d’entre eux sont déjà à la retraite et ne risquent aucune mesure disciplinaire, même s’ils ont pu enfreindre leur code de déontologie en acceptant ces dons, selon nos informations.
Les trois autres sont suspendus, mais seul l’inspecteur-chef Jean Cowan a été relevé de ses fonctions relativement à cette enquête de l’UPAC rapportée par La Presse, hier.
D’après le quotidien, l’UPAC a découvert qu’entre 2004 et 2015, un cadre de Bell Canada, Louis Martel, aurait offert près de 20 000 $ en cadeaux à l’officier Cowan — suspendu depuis septembre 2016, soupçonné d’abus de confiance et de corruption de fonctionnaire — et à 17 autres officiers supérieurs de la SQ avec son allocation de dépenses.
M. Martel a démissionné de son poste de directeur aux ventes et aux services techniques chez Bell Canada à l’automne 2015. Le Journal a tenté de le joindre à son nouvel emploi, à Québec, mais il n’a pas rappelé.
POUR DES CONTRATS
La SQ est synonyme de millions de dollars en contrats pour Bell Canada, avec son réseau de télécommunications ainsi que les 2300 téléphones intelligents et les 1352 téléavertisseurs que ses policiers utilisent.
Bell fait notamment partie d’un consortium avec Motorola pour doter la SQ d’un nouveau système de radiocommunication d’urgence — le RENIR — dont l’implantation, qui devait être complétée en 2008 pour une facture de 144 millions $, n’est toujours pas fonctionnelle et a maintenant coûté 322 millions $ aux contribuables.
L’ex-patron de la SQ, Richard Deschesnes, identifié parmi les 18 influents officiers qui auraient profité des largesses de l’ex-cadre de Bell, n’a pas voulu commenter. Suspendu avec solde depuis près de cinq ans dans une autre affaire, il subit présentement son procès pour utilisation frauduleuse du fonds secret de dépenses de la SQ.
L’UPAC, dont l’enquête n’est pas encore complétée, n’a pas commenté. La SQ et Bell Canada non plus.