Le Journal de Montreal

PAS FACILE D’ÊTRE MÈRE À LA MAISON

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Devant l’échec de la conciliati­on travail et famille, Stéphanie Coallier-Brisson a décidé de mettre sa carrière en veilleuse et de rester à la maison afin de se faciliter la vie. Avec un conjoint oeuvrant dans le domaine de l’agricultur­e, elle doit tenir le fort seule en quasi-permanence, si bien qu’elle a rapidement déchanté et sombré dans la dépression.

Cette jeune mère de Saint-Alban travaillai­t dans une boutique lorsque son garçon a intégré la garderie. Son horaire incluait des quarts de travail les soirs et les fins de semaine, tout comme celui de son conjoint qui est inséminate­ur bovin.

« Ça ne marchait pas à la garderie. Mon gars ne mangeait plus et il a attrapé la gastro, alors j’ai été obligée d’aller à l’hôpital, de manquer du travail. Le fait de courir, je capotais », relate la mère.

Comble de malheur, elle s’est fait « remercier » par son employeur. « On m’a dit que je n’étais pas fidèle, dit-elle. La conciliati­on travail-famille ne marchait pas du tout. Ç’a été une claque dans la face », avoue celle qui est âgée de 29 ans.

« MONOPARENT­ALE »

Devant cet échec, le couple a décidé que la mère resterait au foyer. Ils se sont serré la ceinture avant d’accueillir un second poupon. C’est à ce moment qu’elle s’est sentie débor- dée et « jugée », sombrant dans la dépression.

« Les deux pieds dedans et par-dessus la tête. Pour la majorité des gens, être maman à la maison, c’est avoir toujours son lavage fait, une maison propre comme dans les magazines et des enfants heureux. Mes enfants sont heureux, mais comme tout parent, ma maison est en bordel dix minutes après avoir tout torché, soupire-t-elle.

« La mère à la maison n’a pas à courir pour aller à la garderie, travailler, tout est beau, elle n’a pas à se plaindre, mais je les ai 24 h sur 24, 7 jours sur 7. Je suis comme une monoparent­ale qui fait tout. »

Excédée, Mme Coallier-Brisson a décidé de réinscrire son garçon à la garderie afin de se donner du répit, à raison de deux jours par semaine. « Souvent, mon chum revient de travailler et me dit : “tu n’as rien fait”. Bien, j’ai changé 16 couches, géré 10 crises, fait 3 brassées pas encore pliées et je n’ai pas réussi à préparer le souper parce que je mouche des nez aux 5 minutes. J’ai des demandes d’un bord et de l’autre, dont verser un verre de lait, mais malheur, dans le mauvais verre, alors j’ai une crise de bacon à gérer.

« Comme si m’occuper des enfants n’était pas un travail en soi », conclut Mme Coallier-Brisson, qui est enceinte de son troisième enfant alors qu’elle se qualifie de « sadomasoch­iste » en voulant agrandir la petite famille.

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STÉPHANIE COALLIER-BRISSON Maman épuisée

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