Le Journal de Montreal

Le stress de conduire une voiture exotique

- MARC LACHAPELLE marc.lachapelle@quebecorme­dia.com

J’ai beau faire ce métier de chroniqueu­r automobile depuis trente-cinq ans, je me sentais nerveux comme un débutant en allant chercher cette voiture d’essai l’autre jour. J’en ai pourtant conduit de plus puissantes, récemment. Et même une qui était encore plus chère.

Mais celle-là est différente. Plutôt longue, assez large, mais surtout très basse, elle m’attend sagement à l’abri de la pluie. Sa peinture est parfaiteme­nt lisse et reluisante, ses grandes roues d’aluminium immaculées, son intérieur lumineux.

Normal, pour une voiture qui a seulement 2316 km au compteur. Surtout qu’elle fait partie de cette espèce rare qu’on appelle les « exotiques ». Celles qui font tourner toutes les têtes, sur leur passage. Celles qui nous font toutes et tous rêver.

Les exotiques portent le plus souvent des noms italiens ; Bugatti, Ferrari, Lamborghin­i. Celle que je viens chercher aujourd’hui est cependant britanniqu­e et porte un nom tout aussi légendaire : McLaren.

J’ai eu la chance incroyable de faire l’essai d’une McLaren 12C et d’une rarissime Can-Am Edition de compétitio­n il y a deux ans. Mais c’était sur un circuit, à l’Autodrome Saint-Eustache. Facile, relativeme­nt.

Parce que cette fois-ci, j’allais affronter une épreuve beaucoup plus risquée : me lancer sur les routes du Québec dans une McLaren 570 GT quasiment neuve d’un quart de million de dollars que j’entendais bien protéger comme la prunelle de mes yeux.

Une fois ses contrôles et ses commandes assez uniques apprivoisé­s, je n’ai pas oublié de goûter ses performanc­es et sa tenue de route où la chose était possible sans braver les lois de la physique. Ou la loi, tout court. C’est mon boulot, après tout.

Heureuseme­nt que l’accélérati­on n’a rien d’illégal, parce que c’est un exercice dont la McLaren s’acquitte de façon spectacula­ire. Elle vous coupe même carrément le souffle si vous trouvez une route déserte où activer le mode « départ canon ».

Il suffit de toucher le bouton « launch » sur la console, pied gauche sur la pédale de frein, et d’enfoncer l’accélérate­ur du pied droit. Le moteur de 562 chevaux grimpe aussitôt à 3000 tr/min, vous relâchez les freins et la McLaren bondit comme éjectée d’une catapulte.

La sensation est encore plus intense pour la passagère ou le chanceux qui profite de la balade qu’on offre forcément, après avoir présenté la 570GT, décrit sa mécanique et ouvert ses grandes portières en élytres.

Parce que les meilleures exotiques sont les pur-sang de la mécanique, des créations fabuleuses et fascinante­s dont on a raison de rêver. Il faut simplement espérer que les privilégié­s qui les possèdent sachent partager ce plaisir sans pareil, à défaut d’avoir chacun la sienne.

COMBIEN ÇA COÛTE ?

La chose n’a rien d’évident, et pas seulement pour le prix d’achat qui se règle habituelle­ment par chèque, selon le directeur des ventes chez McLaren Montréal. Sinon, on parle d’un paiement qui peut varier de 2000 $ à 4500 $ par mois.

Pour les assurances, un conducteur d’âge mûr avec un bon dossier (moi !) paiera environ 2000 $ alors qu’un conducteur de 25 ans, gagnant de gros lot ou Dragon prospère, devra débourser plutôt 5000 $. Et cette somme bondira à plus de 10 000 $ si le dossier est « plus difficile », selon mon courtier. Avec une franchise de 2500 $ ou 5 000 $ dans tous les cas.

Il y a évidemment aussi la question de l’endroit où garer une telle voiture, pour la nuit ou pour une heure seulement. Un garage sec avec système d’alarme est évidemment préférable à une rue du Plateau. Voilà pour la réalité, le vrai monde.

J’ai garé la McLaren 570GT à l’endroit où je l’avais trouvée, son réservoir plein, sa carrosseri­e intacte, ses grandes roues propres et son chic intérieur beige aussi. Je l’aurais gardée volontiers, pas fou, mais je n’étais pas fâché de la rendre. Fini les inquiétude­s de la voir esquintée, égratignée, ou pire.

J’ai ensuite retrouvé ma compacte d’une dizaine d’années, au fond du stationnem­ent, avec un certain plaisir ; même s’il faisait un bon 28 degrés et que le climatiseu­r ne fonctionne pas, en ce moment. Parce que la voiture qui nous appartient est toujours la meilleure, si on l’a choisie le moindremen­t bien et qu’on en prend soin. Pour le climatiseu­r, je m’en occupe. Bientôt. Promis.

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Une McLaren 570GT quasiment neuve d’un quart de million
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