30 M$ pour la délégation du Québec à Paris
Un budget de 30 M$ a été accordé pour un immeuble et une salle de spectacles
Insatisfait de son élégant bureau patrimonial à Paris, le gouvernement du Québec est prêt à allonger 30 millions $ pour acheter un autre immeuble, y déménager sa délégation et se munir d’une salle de spectacles.
La délégation du Québec à Paris située au 66, rue Pergolèse, déménagera dans un nouvel immeuble mieux adapté « aux besoins », souligne le ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF).
C’est près du Quai d’Orsay que la délégation voudrait jeter son dévolu. Un budget de 30 millions $ a été accordé pour l’achat d’un bâtiment pour les employés de la déléguée du Québec à Paris, Line Beauchamp.
Et ce, sans compter que Québec possède déjà une opulente demeure payée 12 millions $ il y a cinq ans pour satisfaire sa diplomatie. Un lieu qu’elle désire conserver.
La déléguée Line Beauchamp a confirmé au Journal son désir de rapprocher le bureau du centre de la Ville Lumière. « On aimerait ça parce que ça nous permettrait d’être au coeur de l’action », a-t-elle mentionné en entrevue au Journal. « Il n’y a pas de secrets. On cherche quelque chose d’assez spécifique. »
Des experts en immobilier de Paris soutiennent que la valeur du pied carré dans ce quartier central désiré est 30 % plus élevée qu’à l’endroit où se trouve la propriété du Québec.
« DU DÉLIRE »
Pour justifier la dépense de 30 millions $, le MRIF a indiqué que l’immeuble actuel « requiert d’importants travaux de rénovation » et qu’il n’est pas satisfait de sa dimension.
Or, aucune somme d’envergure n’aurait été injectée afin de maintenir l’édifice actuel aux normes depuis son achat en 1964. Conséquence : les travaux de rénovation pour mettre la résidence au goût de la délégation s’élèveraient à 25 millions $.
« Du délire », selon une source proche du dossier. Le montant des rénovations et l’argument de vente sont très exagérés, croit notre source. « Il y a certainement des problèmes avec la climatisation et quelques trucs, mais 25 millions $... c’est de l’exagération », a-t-on également indiqué au Journal.
« C’est encore un très bel endroit », a relaté une autre personne.
Même s’il trouve l’endroit peu fonctionnel, l’ex-délégué du Québec à Paris, Michel Robitaille, a aussi souligné au Journal qu’il ne s’agissait « pas d’une situation intenable ».
« STRATÉGIE »
Selon nos informations, le prix estimé de la vente du 66, rue Pergolèse pourrait atteindre 17 millions $. Un montant que Mme Beauchamp ne veut pas confirmer. « C’est une question stratégique », dit-elle.
Les récentes données du MRIF révèlent que l’évaluation marchande de l’immeuble est de 24,4 millions $, ce qui voudrait dire que Québec est prêt à jeter du lest, en raison des travaux de rénovation nécessaires.
C’est la firme Cushman Wakefield qui a le mandat de trouver un acheteur et le nouveau bureau. Le ministère a également refusé de dévoiler le montant qui sera versé à l’agence de prestige pour son travail.
Cette façon de gérer les projets d’immobilisation du MRIF manque de « transparence », selon le président du syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), Richard Perron, qui a longtemps travaillé au MRIF.
« Le trois quarts de l’argent en relation internationale va en immobilisations, alors il y a des questions à se poser. Surtout que l’appel d’offres semble obscur, ça ne transpire pas la transparence », a-t-il affirmé. – Avec la collaboration de Robert
Plouffe, Bureau d’enquête