Toutes les solutions sont risquées
TASSÉ
Donald Trump est-il l’homme de la situation pour faire face à la Corée du Nord ? La réponse est non. Certains blâmeront son ignorance des relations internationales, d’autres sa désorganisation ou sa probable maladie mentale.
Dans tous les cas, le résultat est le même : faute de capitaine compétent, le gouvernement américain ne parvient pas à assumer un leadership acceptable pour résoudre le problème nordcoréen. Ce leadership est d’autant plus important que toutes les solutions comportent des risques élevés.
1 Quelle est la dernière erreur de Trump ?
La dernière bourde de l’administration Trump est particulièrement révélatrice. Évoquer la fin des rela tions commerciales entre les ÉtatsUnis et les pays qui commercent avec la Corée du Nord peut paraître séduisant de prime abord. Mais en y regardant de plus près, une telle mesure reviendrait à supprimer le commerce entre les ÉtatsUnis et la Chine, la Russie, le Pakistan, etc. Les ÉtatsUnis y perdraient beaucoup économiquement, sans compter que leur influence reculerait dans le monde.
2 Le président Trump est-il écouté ?
Non. Plus grave et plus important encore, la parole du président Trump a perdu toute autorité. Récemment, à propos de Charlottesville, son secrétaire d’État, Rex Tillerson, déclarait que le président « ne parlait qu’en son nom ». Dans toute démocratie qui se respecte, ces mots auraient valu à la personne qui les prononce son limogeage instantané. Pas sous Trump. La perte de crédibilité de Trump a commencé bien avant. À l’international, le moment charnière est survenu quand il a déclaré que des bateaux de guerre étaient en route vers la Corée du Nord. Quelques jours après, il est apparu que cela était faux et que ces bateaux étaient en train de faire des exercices de combats à des milliers de kilomètres de là.
3 Quels sont les autres problèmes de gouvernance face à la Corée du Nord ?
Pour satisfaire sa base électorale, Trump menace de renégocier les traités commerciaux entre les ÉtatsUnis et la Corée du Sud, alors même que ce pays se trouve en première ligne en cas de guerre avec la Corée du Nord. De même, les propos de Steve Bannon sur le manque de plan concret face à la Corée du Nord ou l’absence prolongée de nominations à des postes clés à l’international, révèlent l’improvisation et la désorganisation de l’administration Trump.
4 Ces problèmes sont-ils la faute de Trump ?
On aurait tort d’attribuer tous les problèmes nordcoréens à Trump. Ces problèmes remontent au moins à l’époque de Bill Clinton. Plus profondément, la faiblesse de la stratégie américaine face à la Corée du Nord résulte d’un manque de vision des dirigeants politiques américains. Cet aveuglement est luimême un symptôme d’une société qui s’assoit sur ses succès passés et qui se complaît dans ses dogmes. D’autres grandes puissances sont déjà passées par là...