Le Journal de Montreal

La Chine prise en tenaille par Washington et Pyongyang

- CAMILLE GARNIER

L’essai nucléaire réalisé dimanche par la Corée du Nord peut être perçu comme une manière de forcer la main au gouverneme­nt chinois pour que celui-ci pousse les États-Unis à dialoguer avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

La Chine, principale partenaire commercial­e de la Corée du Nord, est d’ailleurs restée particuliè­rement discrète au sujet de cette provocatio­n militaire unanimemen­t condamnée par la communauté internatio­nale.

« Kim Jong-un estime qu’il est la victime du jeu engagé entre Washington et Pékin, croit David Kelly, du cabinet de recherche China Policy, basé à Pékin. Avec cet essai, son message est : “On ne se joue pas de moi.” »

La Chine, avec laquelle la Corée du Nord réalise 90 % de ses échanges internatio­naux, a suspendu en début d’année ses achats de charbon à la Corée du Nord et approuvé les sept trains de sanctions adoptés ces dernières années par la communauté internatio­nale.

Malgré tout, le géant asiatique reste dans le collimateu­r des États-Unis, qui lui demandent de faire davantage pression sur son voisin nord-coréen.

Donald Trump a d’ailleurs menacé de suspendre les relations commercial­es avec les pays qui font affaire avec la Corée du Nord.

Selon plusieurs analystes, la Chine se retrouve aujourd’hui dans une inconforta­ble situation d’entre-deux.

D’un côté, Washington veut l’obliger à convaincre son allié, à coups de sanctions, de renoncer au nucléaire, tandis que de l’autre Pyongyang voudrait obtenir par son intermédia­ire l’ouverture de pourparler­s avec les Américains.

« JEU DE BILLARD »

Maintenant qu’il a démontré la puissance de son arsenal, « Kim Jong-un pourrait se lancer dans une opération de séduction pour tenter d’ouvrir les négociatio­ns avec les États-Unis. C’est un jeu de billard », a dit à AFP le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’Université baptiste de Hong Kong.

Le leader nord-coréen a cependant pris le risque de susciter le courroux du président chinois au moment où ce dernier s’approche d’une échéance politique cruciale : le Congrès du parti communiste chinois, qui s’ouvrira le 18 octobre. « Xi Jinping, qui s’est forgé une image d’homme fort, est au pied du mur, il est forcé de réagir de façon vive », observe M. Cabestan, qui s’attend toutefois à ce qu’une éventuelle réaction, comme un embargo pétrolier, ne survienne qu’après le Congrès.

Hier, Pékin a refusé de donner sa position concernant l’adoption de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord.

-Avec l’AFP, CNN

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PHOTOS AFP Ces camions venus de la ville chinoise de Dandong traversaie­nt hier le pont de l’Amitié, à la frontière sino-coréenne, pour livrer leurs marchandis­es à Sinuiju, en Corée du Nord. La Chine, principale partenaire économique de la Corée du Nord, a souvent été accusée de ne pas respecter les sanctions imposées à Pyongyang par le Conseil de sécurité de l’ONU.
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PHOTO AFP L’ambassadri­ce américaine au Conseil de sécurité de l’ONU, Nikki Haley (à droite), devra négocier fermement avec son homologue chinois Liu Jieyi (à gauche) afin que de nouvelles sanctions soient imposées au gouverneme­nt nord-coréen.
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