« ASSEZ, C’EST ASSEZ ! »
Les États-Unis et ses alliés réclament de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord à l’ONU
AFP | Les États-Unis négocient à l’ONU une nouvelle résolution de sanctions contre la Corée du Nord qu’ils veulent voir approuver la semaine prochaine.
« Assez, c’est assez, a lancé Nikki Haley, l’ambassadrice américaine à l’ONU. Un État voyou qui a l’arme nucléaire et des missiles balistiques intercontinentaux pointés vers nous, nous ne pouvons prendre des mesures pour abaisser notre garde. »
Le sixième essai nucléaire nord-coréen survenu dimanche, le plus puissant à ce jour, a soulevé l’inquiétude dans le monde. L’ambassadrice a affirmé lors de la réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU que Kim Jong-un « cherche la guerre » et que la patience des États-Unis « n’est pas illimitée ».
« En faisant cet essai nucléaire, c’est comme si la Corée du Nord envoyait une gifle à tous les membres de la communauté internationale qui lui ont demandé de s’arrêter », a-t-elle affirmé.
Les États-Unis et plusieurs alliés ont donc demandé de nouvelles sanctions sévères de l’ONU à l’endroit de la Corée du Nord lors d’une réunion d’urgence hier.
L’ambassadrice Haley a prononcé son discours quelques heures après que des informations eurent commencé à circuler voulant que le régime de Kim Jong-un semble se préparer à un nouveau tir de missile balistique dans les prochains jours, ce qui attiserait davantage les tensions.
RÉPLIQUE
La Corée du Sud a même fait des manoeuvres navales et d’autres impliquant des missiles balistiques afin de dissuader Pyongyang de toute autre provocation hier.
« Si l’ennemi se lance dans une quelconque provocation, sur mer ou sous les flots, nous allons immédiatement répondre et l’envoyer par le fond », a averti le capitaine Choi Young-chan, commandant du 13e groupe naval des forces armées sud-coréennes, dans un communiqué.
La bombe que Pyongyang a fait exploser dimanche avait une puissance estimée à 50 kilotonnes, soit cinq fois plus que le précédent test nord-coréen, et plus de trois fois plus que la bombe américaine lâchée sur Hiroshima en 1945, selon des responsables sud-coréens.
MESURES PLUS FORTES
Les nouvelles sanctions seront votées le 11 septembre lors d’une rencontre du Conseil de sécurité, a indiqué l’ambassadrice Haley. Cette dernière croit que l’ONU doit prendre « les mesures les plus fortes possible » et « cesser les demi-mesures », a-t-elle martelé.
Toutefois, les positions de Pékin et de Moscou, dotés d’un droit de veto, concernant de futures sanctions restent incertaines.
La crise avec la Corée du Nord « doit être résolue de manière pacifique », a cependant dit hier l’ambassadeur de la Chine à l’ONU, Liu Jieyi.
« Grâce au dialogue, nous pouvons aboutir à une dénucléarisation de la péninsule coréenne », a-t-il assuré.
Selon des experts, la crise avec la Corée du Nord n’a pas encore atteint son apogée, mais il en manque peu pour qu’on se retrouve sur un pied de guerre.
« Il y a des risques réels que la situation dégénère [...], mais il n’est pas trop tard pour désamorcer les tensions, estime Jean-François Bélanger, doctorant en science politique de l’Université McGill. Mais il faut être clair, un conflit militaire avec les Nord-Coréens, c’est un conflit nucléaire. Il n’y a aucun doute. »
« La possibilité de conflit armé est passablement élevée, mais je crois qu’on pourra l’éviter », soutient Benoit HardyChartrand, chercheur du Centre pour l’innovation de la gouvernance internationale.
Selon eux, une guerre deviendra encore plus probable s’il y a une forte mobilisation de troupes dans la péninsule coréenne.
Le chercheur croit toutefois qu’on réussira à éviter une guerre, puisque la démonstration de force de la Corée du Nord et son avancée technologique ont un côté « très dissuasif ».