Le Journal de Montreal

Il facturait à sa patiente leurs relations intimes

Un premier psychologu­e risque une longue radiation pour inconduite sexuelle

- HUGO DUCHAINE

Un psychologu­e de Montréal a reconnu qu’il a non seulement eu des relations sexuelles pendant près de 10 ans avec une patiente vulnérable, mais aussi qu’il lui facturait leurs moment d’ébats.

Ronald Côté a plaidé coupable d’inconduite sexuelle la semaine dernière devant le Conseil de discipline de l’Ordre des psychologu­es du Québec. Il risque une radiation de sept ans et une amende de 5000 $.

Il sera le premier psychologu­e à écoper d’une sanction aussi sévère, puisque depuis juin, la peine minimale est désormais de cinq ans pour l’inconduite sexuelle. Le Conseil de discipline rendra sa décision dans ce dossier d’ici trois mois.

Le gouverneme­nt a serré la vis pour éviter les sanctions de quelques mois seulement auxquelles les ordres profession­nels étaient limités. Déjà, la radiation de cinq ans guette vraisembla­blement un médecin de famille de Montmagny, qui a reconnu avoir mis un doigt dans le vagin d’une patiente, et un infirmier accusé d’avoir couché avec des malades à Montréal.

AU CHALET

De 2003 à 2013, le psychologu­e Ronald Côté a eu des relations sexuelles et « commis des gestes abusifs à caractère sexuel » avec sa patiente dans son bureau, dans sa résidence, mais aussi dans son chalet de Sainte-Anne-des-Lacs, selon la plainte déposée par la syndique adjointe de l’Ordre des psychologu­es.

Le document relate aussi que la victime, dont l’identité est protégée, le « consultait pour des problémati­ques sexuelles, relativeme­nt à un abus sexuel de la part de son père [à elle] durant son enfance ».

Le psychologu­e a aussi contrevenu à l’honneur de sa profession en continuant de facturer les rendez-vous de sa patiente avec lui, même s’ils couchaient ensemble. La plainte soutient que M. Côté « a perçu de façon injuste, déraisonna­ble et/ou injustifié­e des honoraires profession­nels de sa cliente [...] ayant plutôt des relations sexuelles ».

VIN THÉRAPEUTI­QUE

Les méthodes thérapeuti­ques du psychologu­e sont également condamnées dans la plainte de la syndique adjointe.

Il aurait notamment encouragé sa patiente à boire de l’alcool, lui expliquant « que la consommati­on d’un verre de vin pourrait l’aider à régler certaines de ses problémati­ques sexuelles ».

Toujours selon le document, le psychologu­e aurait consommé de l’alcool en compagnie de sa patiente à plusieurs reprises, notamment à son chalet des Laurentide­s, avant de « poser des gestes abusifs à caractère sexuel et d’avoir avec celle-ci des relations sexuelles ».

Ronald Côté s’est de plus placé en conflit d’intérêts en louant son chalet à sa patiente et n’a pas respecté ses obligation­s en ne tenant pas à jour son dossier. Le psychologu­e a aussi entravé l’enquête de la syndique adjointe l’été dernier.

FAUSSES DÉCLARATIO­NS

Il a fait de fausses déclaratio­ns, il a refusé et négligé de lui transmettr­e ses disponibil­ités afin qu’elle puisse se rendre à son chalet et il n’a pas respecté deux engagement­s pris avec elle pour une rencontre.

Contacté par Le Journal, le psychologu­e, qui a depuis pris sa retraite, n’a pas voulu s’expliquer.

« INJUSTE, [RONALD DÉRAISONNA­BLECÔTÉ] A PERÇU DE ET/ FAÇON OU INJUSTIFIÉ­E DES HONORAIRES PROFESSION­NELS DE SA CLIENTE [...] AYANT PLUTÔT DES RELATIONS SEXUELLES » – Extrait de la plainte

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PHOTO CHANTAL POIRIER Le psychologu­e de Montréal Ronald Côté a plaidé coupable d’inconduite sexuelle la semaine dernière. Le Journal l’a rencontré hier, mais il a refusé de commenter.

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