Le Journal de Montreal

Un pharmacien utilisait le nom de médecins

- DOMINIQUE SCALI

Un pharmacien de Montréal a été radié pour deux mois pour avoir faussement utilisé le nom de médecins afin d’inscrire des ordonnance­s aux dossiers de plusieurs membres de sa famille parce qu’il n’avait pas le temps d’attendre avec eux aux urgences pour consulter.

« [Ce sont] des gestes graves. En agissant ainsi, l’intimé pose un diagnostic, ce qui ne relève pas de ses compétence­s », conclut le Conseil de discipline de l’Ordre des pharmacien­s dans un jugement rendu le 1er août, mais diffusé la semaine dernière.

Le pharmacien Mouhamad Feras Alshamaah a en effet écopé d’une radiation de deux mois pour son « manque d’intégrité », peut-on lire dans le jugement. Il a plaidé coupable aux 18 chefs d’accusation­s qui pesaient contre lui.

Originaire de la Syrie, M. Alshamaah pratique comme pharmacien salarié à Montréal et à Laval depuis 2009. À plusieurs reprises, entre cette date et 2014, il a inscrit des ordonnance­s sans prescripti­on réelle aux dossiers de son fils, de son ex-épouse et de son épouse actuelle, énumère le Conseil de discipline.

RÉCLAMATIO­N À L’ASSUREUR

Pour ce faire, il utilisait « faussement les noms et les numéros de permis d’exercice de médecins ». M. Alshamaah a également réclamé le coût de ces médicament­s à son assureur, soit environ 3500 $.

Le pharmacien vivait une période difficile, indique-t-on dans le jugement. Luimême atteint d’un problème de santé respiratoi­re, il était alors aux prises avec un enfant prématuré et malade. Seul pourvoyeur familial, il occupait deux emplois afin de subvenir aux besoins des siens.

« Étant sous pression, il ne veut pas attendre d’interminab­les heures à l’urgence pour voir un médecin », explique le jugement, précisant qu’il n’avait pas de médecin de famille.

Il a donc consulté un ami médecin qui a accepté de lui fournir des ordonnance­s à quelques reprises. « Suite à quoi, sans ordonnance, il s’est procuré des médicament­s pour lui-même et sa famille ».

« Jamais il n’a agi de cette façon pour le public en général qu’il dessert […] Il regrette beaucoup ses gestes et dit avoir appris une leçon ». Il avait d’ailleurs cessé ses mauvais comporteme­nts avant le début de l’enquête, a-t-il affirmé en audience.

« NONCHALANC­E »

Reste que, selon la syndique de l’Ordre, il s’agit d’un « manque flagrant de jugement », indique-t-on dans le document. Elle note la « nonchalanc­e » et le « manque d’introspect­ion réelle » du pharmacien.

« Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Cette façon d’agir a commencé dès l’obtention de son permis et s’est prolongée, dans deux lieux différents, sur une période de près de cinq ans », rappelle la syndique.

Le Conseil de discipline estime toutefois que le risque de récidive est maintenant « peu probable ».

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