La météo de 2099 changera Montréal
Le climat sera différent selon les quartiers de la ville
Les Montréalais auront l’impression qu’il fait plus chaud au centreville qu’à LaSalle dans le futur, illustre un chercheur qui prévoit de plus en plus de fluctuations d’un secteur à l’autre de la région.
« Ces changements seront assez énormes pour être ressentis », dit Ali Nazemi, professeur à l’Université Concordia en génie civil et environnemental. « Si, avant, la différence entre la température moyenne de deux endroits était de 1 degré Celsius et que, dans le futur, elle est de 4°C, les gens pourront le remarquer. »
Dans une étude diffusée la semaine dernière par l’institution, le chercheur conclut que les urbanistes et ingénieurs devront de plus en plus penser les infrastructures en fonction des changements climatiques, qui n’affecteront pas tous les quartiers de la même façon.
1950 À 2099
M. Nazemi et son équipe ont compilé les températures et précipitations enregistrées de 1950 à 2005 dans les huit stations météorologiques du grand Montréal, allant de Saint-Jérôme à Saint-Hubert (Longueuil), en passant par Dorval. Ils ont ensuite comparé ces données avec les projections climatologiques de la NASA, qu’ils ont appliquées jusqu’en 2099.
« Ce qui nous a surpris, c’est que non seulement le climat change, mais il change de plus en plus vite. Aussi, on voit que les variabilités à l’intérieur même de la région s’accentuent », indique le chercheur.
Par exemple, le centre-ville risque d’être de plus en plus affecté par les îlots de chaleur, contrairement à la zone du parc Angrignon, illustre-t-il.
« Et qu’arrive-t-il quand il fait plus chaud ? Les gens utilisent davantage l’air climatisé, ce qui rafraîchit l’intérieur des résidences, mais envoie encore plus d’air chaud à l’extérieur. »
ÉVALUER LE DANGER
Cette tendance devra être prise au sérieux, car elle affecte la demande en eau et en électricité, explique-t-il. Elle s’applique aussi lorsque vient le temps d’évaluer le risque d’inondation ou de construire un système d’égouts ou de traitement des eaux.
« Si on sous-estime le danger d’inondation, on court un risque. Si on surestime le danger, on construit des infrastructures hyper coûteuses qui ne seront jamais toutes en opération », dit M. Nazemi.
« On ne peut plus juste se fier aux données historiques pour anticiper le futur, les changements allant en s’accélérant. »
D’où l’importance de développer des technologies encore plus avancées afin de mieux prédire l’impact des changements climatiques au niveau hyper local. Et que toute la société mette la main à la pâte pour freiner le réchauffement, insiste-t-il.