Le Journal de Montreal

Ses images des profondeur­s de l’Arctique font le tour du monde

Un homme des Îles-de-la-Madeleine parmi les meilleurs cinéastes océaniques

- VANESSA LOIGNON

ÎLES-DE-LA-MADELEINE | Un cinéaste québécois a travaillé sur plus de 150 films pour des producteur­s aussi importants que Discovery, National Geographic, BBC et Disney Production­s. La renommée de Mario Cyr comme cinéaste sous-marin n’est plus à faire, lui qui plonge depuis 41 ans et cumule plus de 2000 plongées en eaux glacées. Il a commencé à plonger en 1976. Il faisait alors de la plongée commercial­e pour la constructi­on de quais et de ponts. Il a pris ses premières photos tout à fait par hasard, en 1984, lorsqu’il était guide pour une équipe de la Californie venue aux Îles-de-la-Madeleine afin de voir les phoques du Groenland. N’étant pas habituée aux eaux froides, l’équipe n’était pas capable de rester sous l’eau longtemps. Mario Cyr s’est donc proposé pour aller sous l’eau et prendre des photos.

ATTAQUÉ PAR UN MORSE

National Geographic a contacté Mario Cyr en 1991 afin qu’il se rende en Arctique pour filmer des morses. Il était à l’époque le premier à filmer ces animaux dans leur habitat naturel, en raison des dangers que comporte une telle opération. Malgré son appréhensi­on, tout s’est bien déroulé cette fois-là. « Les Inuits disaient que je ne sortirais pas de là vivant, car pour eux, il y a plusieurs mythes et craintes entourant les morses », a raconté M. Cyr.

CHANGEMENT­S CLIMATIQUE­S

Après de nombreuses plongées sans incident pour filmer les morses, le cinéaste des profondeur­s se souviendra toujours de cette fois où il a eu une peur bleue. Alors qu’il filmait une maman morse avec son bébé, une « mamie morse » d’environ une tonne et demie a foncé droit sur lui et lui a disloqué l’épaule gauche.

« C’est la plongée où j’ai eu le plus peur. Après cet incident, nous avons cherché à comprendre, et les scientifiq­ues nous ont expliqué que, comme chez les dauphins, lorsqu’une femelle morse a un bébé, une “mamie” l’accompagne durant environ deux ans, soit le temps de l’allaitemen­t », a-t-il indiqué.

M. Cyr réalisera cette année son 37e voyage en Arctique. Au total, il y aura passé plus de deux ans. Habitué de l’endroit, il a pu remarquer les impacts des changement­s climatique­s. Bien qu’il ne soit pas un scientifiq­ue, il se considère comme un témoin privilégié.

Lors de ses premiers voyages en Arctique avec les Inuits, il ne devait sonder la glace que très rarement. Aujourd’hui, cependant, il doit s’arrêter très fréquemmen­t pour en vérifier l’épaisseur. Vers le début des années 2000, Mario Cyr était à Igloolik, dans le territoire du Nunavut, et il se souvient que son guide lui a dit que c’était la première fois qu’il voyait de la pluie le 1er avril.

« Ça venait de changer complèteme­nt. J’ai compris qu’il se passait réellement quelque chose d’inquiétant avec les changement­s climatique­s. »

Mario Cyr possède également un bistrot familial, Plongée Alpha, situé à Grande Entrée, aux Îlesde-la-Madeleine, et il y donne des conférence­s durant l’été. En octobre, il entamera sa tournée Les Yeux de la mer à travers le Québec.

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PHOTO COURTOISIE, JEAN-BENOÎT CYR Mario Cyr sortant des eaux glacées au large des Îles-de-laMadelein­e, dans le golfe du Saint-Laurent.
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PHOTOS MARIO CYR Le cinéaste sous-marin Mario Cyr a photograph­ié et filmé plusieurs paysages et animaux marins, dont des morses (en bas à gauche) et un phoque du Groenland (en bas à droite), symbole du mois de mars aux Îles-dela-Madeleine.
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